La pintade rose est en totale d'accord avec ce point, elle combat avec groupe pour que l'on puisse changer les choses, même si c'est le faire comme Don Quichote...
23JUIN
"Avoir accès à des personnes prostituées est un droit de l’homme ? Vraiment ?", un article de Caroline Norma, traduit par Charlotte R.-D., le 23 mai 2014.
La Dre Caroline Norma est Maître de conférences à l’École des études globales, urbaines et sociales de l’Institut royal de technologie de Melbourne, et membre d’Amnesty Australie.
La jouissance masculine est dérisoire par rapport aux dommages humains que la prostitution inflige à de nombreuses femmes dans le monde, écrit Caroline Norma.
De 2004 à 2010, Amnesty International a mené une campagne intitulée Halte à la Violence contre les Femmes pour mettre l’accent sur l’incapacité des gouvernements à protéger les femmes et les inciter vivement à prendre leurs responsabilités afin de faire cesser les violences dont elles sont victimes.
Pendant cette campagne de grande envergure, cette ONG a exercé une forte influence sur les gouvernements du monde entier afin que ces derniers adoptent une position ferme sur des sujets comme les violences domestiques, le mariage des enfants, les droits reproductifs ou les violences sexuelles en temps de guerre comme par exemple ces esclaves sexuelles de l’armée japonaise que furent les "femmes de réconfort".
Cependant, à la même période, le secrétariat d’Amnesty International a subi des pressions en interne via ses propres réseaux afin qu’une position soit prise sur les questions relatives aux "droits des hommes". Pressions provenant en particulier de membres britanniques qui souhaitaient que l’organisation défende les droits des hommes à avoir recours à des femmes prostituées.
Les membres d’Amnesty ont appris leur existence seulement l’an dernier, lorsque le secrétariat international a dévoilé une série de documents "politiques" dont le but était - comme cela a été stipulé après coup –d’inviter les membres du monde entier à débattre sur la question de la "prostitution et des droits humains". Ou, plus exactement du droit à avoir recours à des personnes prostituées, ce qui était d’ailleurs énoncé par le secrétariat via son document politique intitulé "Décriminalisation du travail du sexe" (2013) :
« Le désir et l’activité sexuelle sont des besoins humains fondamentaux. Criminaliser ceux qui sont incapables ou réticents à trouver une réponse à ce besoin par des moyens plus classiques, et qui par conséquent achètent des services sexuels, peut constituer une violation au droit à la vie privée et porte atteinte aux droits à la liberté d’expression et à la santé. »

Amnesty International
Protéger
Les droits humains
Les proxénètes et les clients !! ??
A travers le monde
Cette insistance de certaines branches d’Amnesty à faire en sorte que l’organisation défende les clients prostitueurs est venue sur le tapis juste au moment où le "droit" d’acheter un être humain pour obtenir des rapports sexuels était devenu une sorte d’enjeu mondial. Depuis 1999, un certain nombre de pays a légiféré contre l’achat de personnes dans des buts prostitutionnels. La Suède, la Corée du Sud, la Norvège et l’Islande ont pénalisé les actes des clients prostitueurs, et il semblait de plus en plus probable que la France et l’Irlande auraient adopté un projet de loi similaire. Connue pour être le "modèle nordique", cette pénalisation des clients de l’industrie sexuelle était un moyen historiquement sans précédent de prendre des décisions politiques au sujet de la prostitution. Retirer aux hommes leurs droits de longue date à acheter des femmes a forcément engendré des résistances et des critiques dans le monde entier, y compris dans certaines branches de l’ONG.
Mais toutes les branches d’Amnesty ne partagent pas ces préoccupations du secrétariat concernant les droits des clients prostitueurs, et le groupe britannique Paisley a, lors d’une réunion publique tenue par un parlementaire écossais, approuvé la proposition d’introduction au modèle nordique. Le pouvoir exécutif d’Amnesty Royaume-Uni a été alerté par l’existence de ce projet, et a demandé à la branche de Paisley de le retirer. Les membres de cette branche ont refusé de le faire. Le secrétariat international a ensuite résisté à la critique de sa branche suédoise, laquelle a rejeté le contenu de la réunion sur la prostitution et les droits humains en envoyant une proposition de rechange visant à approuver le modèle nordique. La branche australienne a pris des mesures similaires : l’Etat du Queensland et la Tasmanie ont adopté en 2014 des résolutions franchement opposées à la proposition de soutien envers les clients prostitueurs et a choisi d’approuver le modèle nordique comme plate-forme officielle de l’organisation. La branche d’Australie Occidentale a adopté en outre une résolution critiquant l’intégrité du processus de consultation entrepris sur la question.
Le coup le plus terrible pour le secrétariat d’Amnesty International et sa campagne menée en faveur des clients prostitueurs a été porté en mai 2014, lorsque l’ancien président américain Jimmy Carter a envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONG en son propre nom afin de critiquer sa position tout en recommandant l’adoption du "modèle nordique" qui "accroît les sanctions envers les proxénètes et les consommateurs et dépénalise victimes et survivant-e-s". Carter a écrit qu’il avait "décidé d’élever la voix en faveur du modèle nordique", et qu’Amnesty devrait lui emboîter le pas.
L’ONG n’a pas encore suivi ce conseil, elle est en train de s’embourber dans des conflits internes au sujet du droit des hommes à profiter des femmes prostituées. Plus récemment, la branche d’Irlande du Nord a lancé une campagne contre la disposition pénale qui consisterait à pénaliser l’achat de services sexuels.
Dans nos sociétés industrialisées du XXIème siècle, le droit des hommes à s’octroyer des femmes prostituées moyennant finances est un concept dont la légitimité tend à être remise en cause. Amnesty International a été aux premières loges de ce déclin via la réaction violente que l’organisation lui a préparée en proposant de soutenir les activités des clients prostitueurs. Par conséquent, l’ONG fait à présent office de champ de bataille entre les défenseurs/ses du modèle nordique et les groupes du "travail du sexe", lesquels ont longtemps infiltré des organisations de gauche comme Amnesty afin de promouvoir une vision libérale de la sexualité et de l’activité prostitutionnelle rémunératrice et émancipatrice pour les femmes.
Alors que le secrétariat d’Amnesty peut regretter d’avoir ouvert son organisation à cette lutte, l’occasion qui lui est ainsi offerte de prendre en compte la question des droits des clients prostitueurs est éminemment précieuse. Ce n’est que par ce type de moyen que les victimes des clients prostitueurs et de leurs complices peuvent avoir une chance de faire face au comportement prostitueur des hommes posé comme un droit humain inaliénable. C’est seulement dans des contextes d’une telle importance vécus au sein de la plus grande ONG du monde que les survivantes et toutes les personnes qui les soutiennent ont une chance de persuader le monde entier de l’insignifiance de la jouissance masculine comparé aux désastres humains infligés à des pans entiers de la population féminine dans le monde.
la pintade rose