Edmond, la pièce de théâtre aux cinq Molière []][][[]
La jolie salle fin de siècle du Palais-Royal n'a jamais aussi bien porté son âge. L'auteur-metteur en scène Alexis Michalik y fait revivre chaque soir l'incroyable première de Cyrano de Bergerac, le 28 décembre 1897, avec son succès immédiat et son ovation finale — cette dernière étape dépendant, à chaque fois, en 2016, de la volonté du public... Michalik, habituel chef d'orchestre de nombreux personnages (en témoignaient déjà ses deux précédents opus, Le Porteur d'histoires et Le Cercle des illusionnistes), a surtout voulu rendre ici la passion et les angoisses d'une bande d'artistes qui ne sait pas encore où son intuition la mènera.
Ça part vite, et ça va vite
Ils sont tous là avant nous, en pleine lumière, à circuler sur la scène dans le décor 1900, entourés d'accessoires à vue attendant leur tour. Et puis ça part, et ça va vite. Au rythme de l'acteur pétillant Guillaume Sentou dans le rôle du jeune Rostand, à 29 ans, quand il cherche le sujet qui lui permettra enfin d'exprimer son talent. Celui de la rime et de l'alexandrin lyriques, alors que Feydeau, lui, triomphe (voir Le Dindon en 1896) avec ses répliques burlesques cinglantes. Dans Edmond défilent tous ceux qui arpentent les scènes du Paris 1900, de Sarah Bernhardt à Coquelin Aîné, qui créa Cyrano au Théâtre de la Porte-Saint-Martin. Le spectacle tord parfois sans vergogne le cou à la chronologie : Ravel, jeune étudiant au Conservatoire de Paris, devrait plutôt y rêver à sa Pavane qu'à son fameux Bolérocomposé trente ans plus tard !
Il faut aller voir ce spectacle
la pintade rose