Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 Mar

Nos paysans en souffrance []

Publié par La pintade rose  - Catégories :  #je n'aime pas, #Les Odileries

Pourquoi en est-on arrivé là ???

La France est particulièrement touchée, du fait de son poids agricole, mais aussi de la diversité de sa production. Certes il y a des efforts de compétitivité à faire en France, où le coût de la main d'œuvre reste très élevé, mais le problème vient aussi du grand pouvoir laissé aux acheteurs, notamment à la grande distribution, particulièrement puissante en France (les principaux groupes de distribution mondiaux sont français). 

On a un marché mondial de plus en plus spéculatif, et l'Union européenne est la seule zone où on ne régule pas. Tous les autres pays du monde adoptent des régulations. L'Europe est à la fois riche et handicapée par la diversité de sa production. La fin des quotas laitiers et l'embargo russe ont provoqué une dissociation complète entre les prix de revient et le prix du marché, allant parfois jusqu'à 30%. Or, cet écart n'est comblé que d'un tiers par les aides de la PAC, qui sont découplées de la production. La PAC est aujourd'hui proportionnelle à l'hectare et découplée de la production. Vous touchez quasiment chaque année la même chose, sans adaptation à la volatilité des prix. Or, il serait plus logique de réserver la manne financière pour les périodes de crise, c'est ce que font les autres pays.

Aux États-Unis, malgré une très forte libéralisation, le Farm Bill protège les agriculteurs en cas de crise. Il y a un prix de référence en dessous duquel les agriculteurs reçoivent des compensations. Au Brésil, «géant vert», il existe un système d'enchères: quand les prix descendent, l'Etat impose des prix planchers. En Europe, il faudrait créer des garde-fous pour protéger les agriculteurs en temps de crise, plutôt que de les subventionner au long cours.

L'Allemagne s'en sort un peu mieux, grâce à une main d'œuvre peu chère venue des pays de l'Est. Mais c'est un petit pays producteur. L'Espagne s'en sort un peu mieux grâce à des coûts de production inférieurs. Mais au Royaume-Uni, la crise est très forte. 

Bien sûr, tous les pays promeuvent l'agriculture nationale. En Europe, les Italiens sont très forts là-dessus. Aux Etats-Unis, 95% des produits alimentaires sont produits aux Etats-Unis.

C’est peu dire qu’Emmanuel Macron était attendu au tournant par les agriculteurs. Le chef de l’État présentait ses vœux à la profession jeudi, à Saint-Genès-Champanelle, en Auvergne, face à des hommes et des femmes qui voulaient lui faire part de leurs inquiétudes et de leur colère. En dépit de la tenue des États généraux de l’alimentation et du discours volontariste du président à Rungis, le malaise agricole reste fort, cristallisé sur les prix trop bas et les négociations compliquées avec la grande distribution. Un malaise qui a parfois des conséquences humaines dramatiques.

Dix ans sans salaire. Pascal Fort était dans l’assistance lors des vœux d’Emmanuel Macron. Cet éleveur de bovins de Pontaumur subit de plein fouet la crise. Le prix du lait n’augmente pas, les dettes s’accumulent et résultat, il ne se verse qu’un maigre salaire de 700 euros par mois. "Macron dit qu’il n’aime pas les fainéants : dans le monde agricole, il n’en trouvera pas beaucoup des fainéants. J’ai pris six jours de vacances dans ma vie. Ma fille, ça fait dix ans qu’elle est installée, elle n’a jamais touché de salaire. Et pourtant elle bosse…", déplore l’éleveur au micro d’Europe 1.

Précisément, Marie-France enchaîne les journées de travail de 14 heures. Malgré cela, elle est aujourd’hui au bord de la faillite. "Il faut que les prix remontent mais comment voulez-vous qu’on lutte ? Forcément, il y a des jours on n’a pas le moral…" Si rien ne s’améliore, Marie-France devra vendre sa ferme d’ici deux ans. Comme sa fille, Pascal attend beaucoup de la venue d’Emmanuel Macron : "Il a promis qu’en 2018, les agriculteurs feraient leurs prix. C’est irréalisable ! Tout jeune et dynamique qu’il est, il faut qu’il se batte contre cette machine infernale qui s’appelle l’agroalimentaire et qui nous bouffe tous".

 

Renverser le rapport de force. Cette attente, c’est Emmanuel Macron lui-même qui l’a suscitée. Lors de son discours à Rungis le 11 octobre dernier, dans le cadre des États généraux de l’alimentation, le président de la République avait eu des mots très forts en dénonçant la "dérive" des prix payés aux agriculteurs dans un "marché biaisé par la loi du plus fort". La loi annoncée à l’époque, destinée notamment à garantir un juste prix aux agriculteurs, doit se concrétiser en Conseil des ministres le 31 janvier. En attendant, une charte a été mise en place, mais les principaux intéressés sont sceptiques. Dans son discours mercredi, Emmanuel Macron va "décliner sa vision pour une transformation en profondeur de l'agriculture française" afin de lui faire "retrouver la voie vertueuse de la valeur", selon la présidence.

Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, espère que le chef de l'État "a parlé clairement de ce qu'il compte faire avec la loi" et en donnera "les grandes orientations". Souhaitant que celle-ci soit "mise en application très vite", Christiane Lambert, présidente de la FNSEA (premier syndicat), réclame qu’Emmanuel Macron "rappelle à l'ordre" les distributeurs, qui "ont totalement quitté l'état d'esprit des États généraux" dans les négociations commerciales avec les producteurs.

Actions coup de poing. De son côté, la Confédération paysanne, a annoncé mercredi, par la voix de son porte-parole Laurent Pinatel, vouloir "durcir ses stratégies d'action en 2018". "Les industriels continuent à faire la pluie et le beau temps", a-t-il regretté lors de la présentation des vœux du syndicat. Il est donc temps, selon lui, de "repasser à l'offensive" pour qu'on "arrête d'entendre les grands décideurs économiques continuer à mépriser les paysans et les paysannes et continuer à se gaver sur notre dos".

Symbole du climat délétère qui règne dans le monde agricole, les actions se multiplient à l’échelle locale. Mercredi, environ 1.000 agriculteurs ont manifesté à Montauban pour protester contre la carte des futures zones agricoles défavorisées qui risque de réduire le nombre de communes éligibles à certaines aides européennes. Le même jour, dans la soirée, des dizaines de tracteurs ont déversé des pneus, du lisier et des déchets devant un hypermarché Leclerc à Lannion. "Une charte vient d’être signée par les agriculteurs et les industriels. Nous sommes en période de négociation commerciale. Mais c’est la même chose qu’avant, même en pire", déplorent les producteurs des Côtes-d’Armor, cités par Ouest-France.

Nos paysans en souffrance []

Jérôme Laronze, 37 ans, éleveur de bovins à Trivy en Saône-et-Loire, tué par les gendarmes, dimanche 21 mai, suite à un contrôle sanitaire : comment peut-on en arriver là et quelles solutions ? Entretien avec Marie-Andrée Besson et Jean-François Bouchevreau, administrateurs de Solidarité Paysans
 
Pourquoi et comment en arrive-t-on à un tel drame ?
Marie-Andrée Besson et Jean-François Bouchevreau : « Jérôme Laronze n'était pas un terroriste, mais un paysan fragilisé psychologiquement. Il n'a probablement pas trouvé l'aide nécessaire et un lieu pour exprimer son mal-être.
La démonstration de force ou la violence sont des mécanismes de défense. Parfois la personne tourne la violence vers elle-même et se suicide. Nous pensons notamment à ce paysan qui s’est suicidé juste après avoir appris l’arrêt de collecte de son lait par la laiterie.
Dans des situations comme celle de Saône-et-Loire, le dialogue entre les personnes qui font le contrôle, des proches du paysan et le paysan lui-même est primordial. Il est indispensable que le paysan contrôlé ait une personne de confiance avec qui en parler et présente sur place avec lui le jour J.
On peut aussi se demander si plutôt que d'appliquer des sanctions, il ne vaudrait mieux pas chercher des solutions.
Il faut mettre plus d'humanité dans ces contrôles, et prendre en compte la situation de fragilité de la personne. Souvent lorsque des animaux vont mal, l’éleveur va encore plus mal qu’eux. Mais qui se soucie de lui ?
D'une façon générale la situation des paysans se dégrade depuis de nombreuses années. 
Cette situation est la conséquence d'un développement agricole non maitrisé qui a créée de grandes disparités et dans lequel les paysans sont la variable d'ajustement. Il exige d'eux une compétitivité toujours plus forte, la nécessité de s'adapter sans cesse. Les pressions sont fortes : pression financière, les contraintes liées au travail et la surcharge de travail. La lourdeur administrative a "dénaturé" le métier de paysan réduisant son rapport à la terre et à l'animal.  
Par ailleurs, l'agrandissement des exploitations a pour conséquence la diminution du nombre de paysans et donc un isolement important. Les services de proximité disparaissent rendant la vie en milieu rural plus difficile.
Ceux qui n'ont pas eu la capacité ou la volonté de rentrer dans cette spirale de la compétitivité ont été isolés. La souffrance des agriculteurs est d’autant plus douloureuse qu’elle s’exprime peu mais elle entraine des mécanismes d’exclusion et de pauvreté intolérables.
De plus, nous vivons dans une société de la peur et de la méfiance. 
Le système des aides, des contrôles, des mises aux normes et des sanctions encourues pour non respect mettent une pression énorme sur les agriculteurs.
La question fondamentale est bien celle de la place de l'Homme dans ce processus de développement. »
 
Quelle est la réalité de cette détresse paysanne en France chiffres à l’appui ?
« En 2010-2011 : 3 suicides d’agriculteurs par semaine en France ! 
Sur la période 2010-2011, Santé publique France observe 296 morts par suicide d’agricultrices et agriculteurs en France métropolitaine. 
La moyenne annuelle est malheureusement à peu près équivalente à celle de la période 2007-2009 alors même que le nombre d’exploitants agricoles a diminué de 23 451 par rapport à la période précédente, en partie suite à des départs précoces (*). Or, on ne connaît pas le nombre de suicides survenu un an après l’arrêt d’activité (notamment après une liquidation par exemple), ni ceux des agriculteurs des DOM-TOM.
On note en 2010, un excès de suicides particulièrement marqué des éleveurs bovins-lait. Le rapport pointe que cela coïncide avec de fortes difficultés financières du secteur, conjuguées à un problème sanitaire.
Ces chiffres sont ceux des années 2010 et 2011 ; or, depuis, le contexte économique agricole français s’est fortement détérioré. »
Et aujourd’hui comment ça se passe dans ce contexte de successions de « crises » qui touchent toutes les productions ?
« En octobre 2016, la Mutualité Sociale Agricole, le régime de protection sociale des agriculteurs, annonçait que plus de la moitié des paysans risquaient de déclarer des revenus inférieurs à 354 euros par mois pour 2016. La paupérisation s’accroît.
Nous avons constaté, entre 2011 et 2015, une augmentation de 42 % du nombre de nouveaux agriculteurs qui lui font appel, et rencontre des personnes dans une profonde détresse face à une situation économique très dégradée.
Combien de morts faudra-t-il encore pour que la profession fasse le bilan de cette politique agricole libérale et excluante ? »
 
Quels recours juridiques et humains ont les paysans en situation de détresse et quels sont leurs droits ?
« Le premier droit qu’ont les agriculteurs est le droit à la dignité.
La détresse des paysans ne peut être traitée d’abord en termes de recours juridiques. I faut permettre l’expression de la souffrance humaine car souvent ce sont les difficultés économiques qui sont sur le devant de la scène et qui dissimulent celles plus profondes de la souffrance humaine. L’accompagnement de la personne est fondamental. »
 
A quoi sert Solidarité Paysans et que proposez-vous pour venir en aide aux paysans en détresse ? 
« Il convient d’abord de préciser que  Solidarité Paysans accompagne et défend les agriculteurs en difficultés. L’association n’est pas spécialisée sur les questions de bien-être animal.
L’intervention auprès de publics fragilisés suite à un soupçon de maltraitance animale est extrêmement délicate.
Le traitement de cette dernière doit s’intégrer dans une démarche d’accompagnement de proximité bienveillante et, si l’agriculteur le souhaite, dans le cadre d’un accompagnement global de ses difficultés.
Lors d'un contrôle chez un  paysan en difficultés, la présence d’une personne de confiance est indispensable afin qu’il ne soit pas seul et afin d'atténuer le stress qu'il y a toujours lors de contrôle administratif.
Cette personne peut ainsi jouer un rôle de médiation permettant de rechercher des solutions pour avancer avec la personne et se projeter vers un avenir.
Face à ces situations de plus en plus complexes, l’accompagnement de Solidarité Paysans permet une approche globale et personnalisée des situations qui prend en compte la situation humaine, technique, économique, sociale et juridique.
Les associations du réseau Solidarité Paysans adaptent leurs pratiques d’accompagnement pour un soutien non seulement lié à l’endettement mais aussi à des situations psychosociales complexes. L’écoute active et l’accompagnement dans la durée sont des outils essentiels pour établir une relation de confiance et de bienveillance, pour évaluer le fonctionnement de l’exploitation et répondre aux interrogations et aux angoisses de l’agriculteur.
L’accompagnement réalisé par Solidarité Paysans permet de recréer du lien avec des personnes isolées.
N'oublions pas que dans une situation difficile la personne se sent déjà coupable et peut être culpabilisée par son entourage du fait de ne pas « réussir ». D'où l'isolement dans lequel elle se trouve et le vide autour d’elle.
L’accompagnement proposé par Solidarité Paysans est réalisé en binôme par des acteurs de terrain, ce qui favorise la relation, et la confiance indispensable.
Ce qui compte c’est d’aider l’agriculteur à trouver ses solutions et non pas lui imposer les solutions « d’experts » et des sanctions.
Face à la complexité des situations il est également important de renforcer la collaboration entre les différents acteurs car l’échange et la pluralité des approches sont importants pour avancer vers des solutions.
Il faut noter l’importance de la prévention, de la communication afin d’éviter des drames comme celui-ci. Plus l’accompagnement est précoce plus les chances de réussite sont fortes. »   
(*) Pour mieux comprendre la détresse des paysans sous pression consulter le rapport agriculteurs-sous-pression-profession-en-souffrance publié en mars 2016 par Solidarité Paysans.
 

 

 

Loire-Atlantique. Une association à l’écoute des paysans en souffrance

Le 14 mars 2018 à 18h39

L’association SOS paysans en difficulté 44 a tenu son assemblée générale ce jeudi 15 mars. L’après-midi, un échange aporté sur les souffrances des agriculteurs. Jean Ouisse dresse un bilan.

5 900 en 2013 contre 6 500 en 2010. En Loire-Atlantique, le nombre d’exploitations agricoles ne cessent de diminuer.  « Le nombre d’agriculteurs en difficultés est, lui, plus important. Quand l’association SOS paysans en difficulté 44 a été créée en 1986, après la mise en place des quotas laitiers, ce devait être pour une période transitoire. C’est comparable à l’association des Restos du cœur, lancée à la même époque »,explique son président Jean Ouisse.

Difficultés financières et souffrances psychologiques

Chaque année, SOS paysans en difficulté 44 reçoit une quarantaine d’appels et aide ainsi une centaine de familles. « Pour 2018, nous en sommes déjà à un appel par semaine », précise Jean Ouisse. Motifs de ces SOS ? Les problèmes économiques, sanitaires… « Ce sont des victimes du produire plus pour gagner plus. »

Ce jeudi après-midi, il sera aussi question d’autres souffrances avec la chargée d’études en santé publique, Véronique Louazel, qui est allée à la rencontre d’agriculteurs dans toute la France. « En Loire-Atlantique aussi, nous constatons que ces agriculteurs sont très isolés, ils se replient sur eux-mêmes. Les agriculteurs expriment souvent un sentiment de culpabilité. Notre boulot, c’est donc de les aider à déculpabiliser ».

Ce jeudi 15 mars, à 14 h, intervention de Véronique Louazel sur les souffrances des agriculteurs, suivi d’un débat. Salle Jean-Moulin à Montoir-de-Bretagne. Entrée libre. Tél. 02 40 74 47 38.

Les faillites en forte hausse. Mais le malaise agricole va plus loin que quelques cas isolés. Un chiffre illustre la situation du monde rural : 1.281, soit le nombre de défaillances d’exploitations agricoles recensées entre septembre 2016 et septembre 2017. Un chiffre en hausse de 6,7% par rapport aux douze mois précédents, alors même que sur cette période, le nombre d’entreprises en faillite a reculé de 7% en France. Depuis 2013 (1.007 faillites), la condition des agriculteurs se détériore continuellement. La situation est encore plus critique chez les éleveurs. En 2017, 300 fermes de bovins ont fait faillite, selon le cabinet Altares. Un chiffre en très nette augmentation de 19% sur un an et 69% sur quatre ans. Au-delà des faillites,  "70% des agriculteurs sont dans le rouge", selon la Coordination rurale.

Ne pouvant supporter la pression financière, bon nombre d’agriculteurs à bout en arrivent aux pires extrémités. Le taux de suicide des exploitants est depuis longtemps le plus élevé parmi l’ensemble des catégories socio-professionnelles. Il n’existe pas de statistique officielle du nombre de suicides d’agriculteurs mais selon Jacques Jeffredo, maraîcher retraité qui organise chaque année une journée commémorative pour les familles, ils seraient environ 600 chaque année à s’ôter la vie. 

L’ouverture du salon de l’agriculture a une fois de plus offert le spectacle des contradictions parfois violentes, excessives et stériles de ce secteur économique. Et chaque année, la porte de Versailles nous offre le même cirque. Une extraordinaire vitrine des performances du monde agricole et une litanie de plaintes et de jérémiades qui expriment sans doute beaucoup de douleurs et d’effort mais qui dissimulent aussi beaucoup de postures politiques au service d’intérêts puissants qui ne s’exposent pas.

 

La visite du président de la République et de sa cour fait parti du rituel. Il y a des présidents de la République comme Jacques Chirac ou François Hollande qui ont passé leur temps à caresser le cul des vaches pour faire croire aux agriculteurs qu‘ils étaient les chouchous de la république, dépositaires de leur histoire et de leur traditions et garants de leur santé et de leur indépendance. Chacun joue le jeu et les enfants peuvent venir voir les animaux comme à Thoiry.

Et puis, il y a des présidents de la Républiques plus audacieux, comme Valery Giscard d’Estaing autrefois ou Emmanuel Macron qui essaient de ne pas trop raconter d’histoires sur la réalité d’un monde désormais ouvert à la concurrence. Mais ces présidents-là ont beaucoup de mal à sortir du salon de l’agriculture indemnes, alors que le monde agricole est parfaitement conscient qu’ils ont devant eux la chance d’avoir des marchés considérables. Il faudra bientôt nourrir 7 milliards d’individus. Mais ils refusent d’en assumer les contraintes publiquement. D’où un tissu de contradictions qui enferment les agriculteurs dans une attitude la plus souvent protectionniste et réactionnaire.

 

L’agriculture française combine le pire et le meilleur qu‘un système socio-économique est capable de produire en France.

Le meilleur parce que l’agriculture française est une des plus performantes du monde en termes de qualité, de diversité et de quantité. L’agriculture française le doit à la nature des terres agricoles, à un système éducatif très sophistiqué qui va des lycées agricoles aux écoles d’ingénieurs agro, en passant par les instituts de recherche de niveau international. Elle le doit aussi aux aides publiques dont elle a pu bénéficier dans le passé en contrepartie de cette mission dévolue aux agriculteurs d’entretenir la nature.

Mais cette agriculture est aussi capable d’entretenir le pire des comportements parce que les mécanismes de régulation auxquels les professionnels se sont habitués les ont endormis ou enfermés dans la défense de rentes de situation plutôt que de travailler sur l’offre et la qualité correspondant à la demande du client. Ce monde agricole qui est le plus connecté des mondes professionnels, le plus digitalisé et le plus geek aussi, ce monde agricole est capable de doser la composition de ses engrais en fonction de la nature de ses terres et du changement climatique et cela au mètre carré près, grâce à des puces électroniques, dans une parcelle de terre... Et bien ce monde agricole est incapable de comprendre et d’assumer les mécanismes de marché, c’est à dire de connaître et de répondre à ses clients.

La plupart des problèmes qui désespèrent le monde agricole sont des problèmes presque quotidiens dans la plupart des autres secteurs économiques et où les entreprises finissent bien par les gérer ou s’y adapter.

La perspective des accords du Mercosur, c’est à dire la signature d’un accord de libre échange avec les pays de l’Amérique du sud, met en colère une majorité des éleveurs ou du moins de leurs représentants syndicaux. A priori, ces agriculteurs ont raison, sauf que l’accord en question n’est pas signé, puisqu’il est à peine négocié. La négociation tiendra évidemment compte des normes obligatoires à l’importation des produits. Et en matière de normes, la France est championne du monde. Les agriculteurs s’en plaignaient d’ailleurs en expliquant que ça bloque et renchérit leurs propres conditions de production et ça n‘est pas faux. Sur la concurrence prix, la réponse la plus intelligente n’est pas d’interdire l’importation, mais de produire avec un avantage hors cout, c’est à dire qualitatif.

La qualité du produit, mais aussi la sécurité sanitaire et la marque sont les seuls moyens de créer de la valeur et de fidéliser son client. Un seul exemple, McDonald, le plus gros acheteur de viande de bœufs de ce pays, a fait de la garantie d’origine française un argument de vente qu’il ne pourra pas abandonner de sitôt.

 

Enfin, on ne pourra pas revendiquer la possibilité d’exporter des productions agricoles ou des produits transformées sans accepter de gouter aux importations. On a plus à gagner en participant à l’alimentation des milliards d’individus qu’à empêcher les étrangers de se vendre dans nos hypermarchés à 68 millions de français. D’ailleurs, ce sont les consommateurs français qui décideront en achetant la viande qui leur paraitra la meilleure. Leurs exigences alimentaires ne sont pas négociables.

Le débat sur l’interdiction du glyphosate qui enflamme les campagnes est tout aussi surréaliste. Faut-il, pour protéger des conditions de production avantageuses, continuer d’utiliser un herbicide et des pesticides qui peuvent se révéler dangereux pour les consommateurs et les agriculteurs eux mêmes ? La réponse est non quand on sait ce qui s’est passé avec l’amiante.

La confusion entre le meilleur et le pire de ce monde agricole vient principalement de la nature et de la composition du revenu agricole.

Comme dans beaucoup de secteurs, les grandes exploitations de cultures et d’élevages s’en sortent et sont même très puissantes. Un céréalier de la Beauce ou de Picardie qui gère 500 hectares de blé, peut accéder au marché international et développer un marketing client qui lui permettra d’optimiser ses rendements et ses recettes. Un gros éleveur sous contrat, aussi.

A l'autre bout de la chaine, le maraicher de proximité qui a su produire bio et qui s’est organisé pour faire connaître son savoir faire, sa qualité et dont le produit va aussi raconter une part de son histoire familiale. Ce petit exploitant, producteur de légumes ou de fruits, de produits de charcuterie ou de fromage a su créer de la valeur pour un client qui est demandeur de qualité.

Mais entre les deux catégories, il existe, c’est vrai, des milliers de fermiers qui ne maitrisent, ni leur prix ni leurs conditions climatiques. Ils sont donc à la merci de leurs acheteurs, en général l’hyper marché ou le fabricant de produits transformés avec lesquels ils passent des contrats à moyen terme où ils sont rarement gagnants.

Le complément de revenu est donc assuré par des aides publiques (de plus en plus rares) ou les revenus du tourisme à la ferme. 

La seule solution est de créer de la valeur et de construite une relation avec le client pour qu’il accepte de payer le produit alimentaire plus cher.

 

Cet enjeu est au cœur du problème agricole.

Convaincre le client français, le consommateur que, s’il veut acheter de la viande gouteuse, il doit payer le prix, idem pour les laitages ou les produits à base de céréales.

Ça n‘est pas à l’hypermarché de faire cette pédagogie, ça n’est même pas au transformateur, c’est à l’agriculteur, producteur de vendre sa marque, son histoire et son produit. 


Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/pourquoi-agriculture-francaise-rassemble-fois-meilleur-et-pire-economie-francaise-3317338.html#0K8TldYeT0db6rhe.99

Changeons les choses en retrouvant une 

Consommation : du manger local partout en France

Ce dossier a pour but de faire un tour de France, non exhaustif, des initiatives locales, régionales, nationales qui valorisent les circuits courts, pour favoriser une consommation et une économie locales.

Local, circuit court : de plus en plus de consommateurs achètent des produits du terroir directement auprès des producteurs, soit par internet soit en se rendant directement à la ferme. Même les enseignes de supermarchés s’y mettent, notamment pour la viande. La restauration collective n’y échappe pas non plus : de plus en plus d’initiatives régionales voient le jour afin de mettre en relation les producteurs locaux et les gestionnaires de cantines. 

Sur cette page, régulièrement mise à jour, vous trouverez un tour de France – non exhaustif – des initiatives qui valorisent les productions locales, les circuits courts. Parce que les consommateurs sont de plus en plus attentifs à ce qu’ils mangent – selon le cabinet Natural Marketing Institute, 71% des Français préfèrent acheter des produits locaux - le circuit court et le local répondent à une demande évidente : éviter de nombreux intermédiaires.

Acheter en circuit court, c’est pour le consommateur une façon de redécouvrir les saveurs de sa région, de réagir face à la banalisation des produits et finalement de se réapproprier son alimentation.  

 

Les circuits courts : la définition officielle Est considéré comme circuit court un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire entre l’exploitant et le consommateur. Aujourd’hui, 1 producteur sur 5 vend en circuit court (21 % des exploitants).


Les initiatives « consommateurs » nationales

  •  Mon panier bio  : trouver des paniers de fruits et légumes près de chez vous.
  • Paysans.fr : pionner de la vente par internet de produits alimentaires (livraison à domicile).
  •  Paysans.net : mettre en relation le producteur et le consommateur via un réseau « social ».
  • Saveurs Natures des producteurs du Périgord vert : livraison partout en France par les producteurs qui sont aussi les transformateurs et les vendeurs.
  • Chapeau de paille  : cueillette à la ferme (fleurs, fruits et légumes).
  • Direct et bon : annuaire des producteurs et de leurs produits vendus sur leur propre boutique en ligne.
  • Poissonfrais.fr : recevoir en 24 h à domicile la pêche du bateau de la famille Loussouarn.
  •  Monpoisson.fr : livraison du poisson en direct de l’Île d’Oléron.
  •  Locavor: site de commande de produits locaux, labellisé par le PNA et qui compte une quarantaine de points de distribution en France
  • Les Amap : les associations pour le maintien de l’agriculture paysanne sont pionnières en matière de circuit court. Leur leitmotiv : la sauvegarde de l’agriculture locale.
  • Bienvenue à la ferme avec la marque Les marchés de producteurs : vente directe à la ferme. C’est un réseau d’agriculteurs ayant la volonté de faire découvrir leurs produits liés à leur territoire (tourisme). Il existe aussi une application Iphone.
  • La ruche qui dit oui : plateforme communautaire d’achats groupés directement auprès des agriculteurs locaux.
  • Écopousse : plateforme de mise en relation des producteurs locaux et des consommateurs à la recherche de produits fermiers près de chez eux (système de géolocalisation).
  • Jardins de Cocagne : un système associatif qui allie insertion professionnelle et vente de paniers de fruits et légumes.
  • MesCarottes.com : ou « Leboncoin » alimentaire. Site Internet sous forme d’annuaire qui géolocalise les producteurs en vente directe près de chez vous.
  • Mes-producteurs.com : site créé par Estelle Groult, passionnée, locavore et bénévole. Il référence les producteurs en vente directe partout en France
  • Le Panier Paysan : site de livraison à domicile, en entreprises ou en point relais de viandes, légumes, fromages, produits laitiers (à la carte ou au panier). Créé à l’origine en Provence, le Panier Paysan fédère aujourd’hui 12 initiatives partout en France (Var, Drôme, Ardèche, Loire, Ain, Auvergne, Franche-Comté, etc.).
  • Le Panier de Jacotte : le panier de Jacotte permet la mise en relation directe des producteurs aux consommateurs et sert d’outil d’aide à la vente (annuaire, carnet d’adresse, localisation, etc.)
  • Panier local : C’est un service de gestion commerciale qui s’occupe de la prise de commande du client à la comptabilité du producteur. Le site regroupe près de 1000 agriculteurs.
  • Drive des épouvantails : Plateforme qui met en relation les producteurs et les consommateurs pour l’achat en ligne de produits locaux. Ce site propose également aux consommateurs de retirer leurs commandes dans un drive près de chez eux ou sur leur lieu de travail.

Les initiatives « consommateurs » en région

 

 

 
Rhône-Alpes

Département du Rhône 

  • Saveurs du coin : paniers issus de l’agriculture raisonnée et locale, commande sur internet ou achat en magasins.
  • Blad (Gayet Blad) : boutique en ligne de produits locaux et bio (viandes, produits laitiers, œufs, fruits et légumes, épicerie, etc.) et livraison hebdomadaire à domicile.

Grenoble 

Savoie

  • Labelbiolle.fr : site internet de vente de produits locaux créé par une association de producteurs et de consommateurs située à La Biolle. Commande en ligne à retirer sur le marché de la commune. Les mots d’ordre : local, saison, qualité et respect de l’environnement.
  • Espacepaysan.fr : vente en ligne de produits fermiers et locaux. 2 points de vente approvisionnés chaque semaine
Ile-de-France
  • Les paniers fraîcheurs : vente de légumes dans les gares franciliennes.
  •  Les colis du boucher : vente de viande bio et label rouge livrée à domicile ou en point relais.
  • Label Ferme : restauration rapide composée de produits artisanaux de qualité. Seul intermédiaire : les restaurateurs qui vont chercher eux-mêmes leurs produits auprès des producteurs.
  • Marché sur l’eau : faire transiter des produits d’agriculteurs d’Ile-de-France par le canal de l’Ourq.
  • Terroirs d’avenir  : site internet et magasin à Paris de vente directe de produits régionaux.
  •  Des produits d’Ici, cuisinés Ici : label pour indiquer aux consommateurs les restaurants qui cuisinent des produits issus de l’agriculture francilienne.
  • Les jardins de J’Go : marché qui applique les règles fondamentales des restaurants J’Go : respect de la saisonnalité, mise en valeur du monde paysan et suppression des intermédiaires.
  • Drive des champs : 4 drives et 15 relais fermiers dans le Sud de l’Ile-de-France
  • Côté Primeurs (Essonne) : site internet de vente de produits fermiers, gamme de produits bio. Possibilité de livraison à domicile ou en entreprise.
Bretagne
  • Ecomiam  : magasins de vente de produits locaux (viande surgelée à bas prix, fruits, légumes, poissons, etc.), possibilité de commande sur Internet. Côtes d’Armor 
  • La binée paysanne : commandez sur internet des produits locaux, frais et de saison et venez les chercher au dépôt vente le plus près de chez vous.
  • Ma planète alimentaire : réseau alimentaire durable de professionnels et de consommateurs de circuits courts.
  • Savourez La Bretagne : site qui référence les producteurs et industriels bretons qui font de la vente directe afin de les mettre en relation avec les consommateurs (locaux et touristes).
Provence-Alpes Côte d’Azur

Aix-en-Provence

Midi-Pyrénées

Toulouse  

Languedoc-Roussillon
  • Manger-local.fr : un site internet pour trouver un producteur près de chez soi grâce à un outil de géolocalisation.
  • Terroir-direct : commande en ligne de produits saisonniers locaux, et retrait dans l’un des points de vente.
Gironde
  • Drive fermier : commande en ligne de produits saisonniers locaux et retrait des produits au point de retrait ( 3 à l’heure actuelle).
  • Les p’tits cageots : commande en ligne de paniers bio et fermiers en circuit court, sur Bordeaux et sa périphérie. Livraison à domicile ou sur le lieu de travail. www.lesptitscageots.fr
Nord/ Nord-Pas-de-Calais
  • Les bio cabas : livraison de panier bio. L’objectif : soutenir une agriculture biologique en région, offrir aux consommateurs des produits de qualité et sensibiliser à une consommation citoyenne.
  • O'tera: spécialiste des circuits courts dans la région lilloise, avec maintenant plusieurs magasins
Poitou-Charentes

Agglomération d’Angoulême 

  • Labelfermiere : premier drive fermier du département de Charente, le site propose près de 1 200 références de produits.
  •  Localie : site internet de vente de produits locaux de saison et issus de l’agriculture raisonnée ou bio - livraison à domicile.

 

Pays de la Loire 
  • Product’Yon locale : regroupement de producteurs fermiers, vente en magasin et drive fermier (commande sur internet).
Centre

Montreuil en Touraine (Indre et Loire)

  • Les Jardins de Contrat : fondés sur le même principe que les Jardins de Cocagne (voir initiatives nationales), les Jardins de Contrat réinsère des personnes en difficultés par le maraîchage et la vente de paniers hebdomadaires.
  • Noelle à votre service: site de présentation de produits locaux et de saison avec livraison en Loir-et-Cher
Franche-Comté

Jura 

  • Produits du Jura (produitsdujura.com) : site Internet créé par le lycée agricole de Montmorot, en partenariat avec des agriculteurs locaux. Commande de produits (viandes, fromages, vins, fruits, miels) locaux en ligne, à retirer sur l’exploitation agricole du lycée.
Lorraine

Nancy

  • Emplettes Paysannes : 11 producteurs locaux se sont regroupés pour créer un "drive" fermier. Le principe : le consommateur commande ses produits sur le site Internet et vient chercher son panier chaque jeudi dans un point relais.

Vosges

  • A la Revoyotte : c’est une association de 28 producteurs basée dans les Vosges qui a ouvert un magasin de vente directe des produits du terroir.
Auvergne

Bassin Clermontois

  • Marchands des 4 saisons (MD4S) : C’est un drive pour produits locaux. Les produits commandés peuvent être retirés dans un supermarché partenaire et le consommateur peut ainsi facilement compléter ses courses, tout en favorisant les circuits-courts
Aquitaine

- Un site de vente de produits locaux et fermiers : www.superfermiers.fr

Bourgogne

- Drive épicier (Yonne) : Vente en ligne de produits fermiers http://drive-epicier.com/

Commenter cet article

Archives

À propos

Coups de cœur, coups de bec d'une habitante de Sant Nazer (44600)