Une femme ne vaut pas un homme .....
INTERVENTION PONTCHATEAU DU 26 MARS 2014 - Amicale Laïque de Loire-Atlantique à l’occasion du film «We want sex equality»
Contexte du film
Retrace la lutte des femmes de l’usine automobile Ford de Dagenham en Angleterre en 1968. Lutte qui a pris tellement d’ampleur qu’elle a abouti à la loi «Equal Pay» en 1970.
Dans cette même période, en France, les luttes ont pris des formes différentes. Elles ont été menées à l’occasion de menaces de fermetures d’usines, comme l’emblématique LIP.
Aujourd’hui les françaises portent plainte, avec ou sans l’aide des syndicats, et les entreprises sont condamnées pour discriminations. Ce type de luttes est lié à l’absence de lois reconnaissant les plaintes collectives.
Signalons que nous sommes à un mois exactement du 26 avril : journée de l’Equal Pay Day, lancé en 1990 par BPW = Business and Professional Women.
Une femme vaut toujours moins qu’un homme dans l’entreprise ses salaires sont inférieurs. Quels sont les arguments évoqués ?
- Au 19ème siècle le travail domestique est considéré comme la contrepartie de la protection et de la nourriture que reçoivent les femmes. Ce travail domestique est gratuit, invisible car non rémunéré. Pourtant, en 1910, 40% des ouvrières vivaient seules ou avec leurs enfants ! Toute la pyramide des inégalités salariales est construite sur le mariage.
- Au 19ème siècle encore, les femmes recevaient des «gages» quand elles étaient domestiques, puis cela s’est appelé un «salaire d’appoint» et ensuite il a été question de «travail féminin».
- Les femmes travaillaient principalement à la maison, dans le textile. Elles étaient rémunérées aux pièces ou à la journée. Cela s’est retrouvé lorsque les femmes ont commencé à travailler en usine. Elles n’étaient pas payées au temps de travail comme les hommes. Les écarts de rémunérations pouvaient atteindre 70%.
- Jusqu’en 1907, leur paie était versée au chef de famille (sauf pour les célibataires).
- Pas de consensus dans les syndicats dont la plupart percevaient les femmes comme des concurrentes. Non seulement ils ne se mobilisent pas pour l’égalité mais on répertorie entre 1890 et 1908 : 56 grèves d’hommes contre le travail des femmes !
- Certaines féministes catholiques sont contre le travail des femmes mariées.
- Les «penseurs» sont réservés sinon opposés au travail des femmes : Proudhon, Marx, opposés. Engels et Stuart Mill émettent quelques réserves.
Les institutrices ont été les premières à obtenir l’égalité salariale après la 1ère guerre mondiale. Ensuite ce furent les postières en 1930.
Il faut attendre 1946 pour obtenir la première loi : à travail égal, salaire égal (loi Croizat).
Où en sommes-nous actuellement ?
Depuis 1990, l’écart stagne. On le justifie par le fait que les femmes ne travaillent pas aussi longtemps et n’occupent pas les mêmes emplois que les hommes.
Le temps partiel devient l’explication principale des disparités. Les femmes forment 80% des emplois à temps partiel : plus d’une salariée sur trois. Elles bénéficient de congés de maternité, quelquefois elles interrompent quelques années leur carrière pour élever leurs enfants.
Les femmes sont concentrées dans peu de métiers et de secteurs (ségrégation horizontale) et au sein d’un même secteur dans peu d’emplois qualifiés (ségrégation verticale). Plus de la moitié des femmes se retrouvent dans 12 familles professionnelles sur 87 : secrétaires, employées administratives, dans la fonction publique, infirmières, aides-soignantes, vendeuses, aides à domicile, enseignantes, agentes d’entretien. Toutes professions où les salaires sont globalement plus faibles. Les hommes ont des primes plus fréquentes et plus élevées que les femmes (travail de nuit, en continu... mais le fait que les femmes travaillent le samedi et le dimanche donnent moins le droit à des primes !) etc..
Même dans la fonction publique où l’égalité est la loi, les secteurs les moins bien rémunérés sont comme par hasard les plus féminisés (infirmières, enseignantes).
Paradoxe : Il y a peu de femmes aux postes de décision, alors qu’elles sont plus diplômées que les hommes : le fameux plafond de verre.
Seulement 39% des cadres et 10% des chefs d’entreprises sont des femmes.
Pourtant le niveau de formation initiale n’a cessé d’augmenter.
En 2010 : 70% des femmes et 60% des hommes de 25 à 34 ans sont bacheliers. Mais les orientations scolaires sexuées (branches littéraires pour les femmes, scientifiques pour les hommes) limitent les choix professionnels des femmes. Ces orientations sexuées sont voulues par le système (les professeurs) et les parents.
Exemple : en 2012, 82% des femmes dans les formations paramédicales et seulement 26% comme élèves ingénieurs.
- Globalement, en incluant les temps partiels (où les femmes sont présentes à 80%) et tous emplois confondus : les femmes gagnent 27% de moins que les hommes.
- A diplômes et postes égaux, les femmes gagnent entre 9 et 15% de moins que les hommes en France. Ce résidu est de la discrimination pure.
la pintade rose
Comment lutter contre cette discrimination ?
Trois pistes
Se battre contre le concept de «salaire d’appoint» ou «salaire féminin» (jusqu’en 1946, 30 à 50% inférieur à celui des hommes). Ce concept a été supprimé complètement à l’écrit dans les conventions collectives en 1950. Mais la notion reste dans les esprits.
Rechercher la mixité au sein de l’entreprise, ne pas cantonner les hommes aux tâches techniques et les femmes aux tâches sociales. Mettre en oeuvre des plans de mixité.
Défendre l’idée : à travail de VALEUR égale, salaire égal. Difficulté : comment définir la valeur d’un travail ? La loi en donne une définition précise fondée sur les connaissances, l’expérience, les responsabilités, les charges physiques et mentales. Il faudrait analyser les postes à partir de ces critères.
Cette définition est peu appliquée. La classification des emplois se fait à l’intérieur des entreprises : responsables pour les femmes/directeurs pour les hommes. Il faut pour cela que l’Etat, les partenaires sociaux et les salariées elles-mêmes se mobilisent.
Les résistances restent fortes :
L’égalité salariale passe par la lutte contre les discriminations.
PS . Je suis entièrement d'accord avec cette analyse et ce film.
nous ne savons pas quémander et négocier nos salaires. Nous n'avons pas ce culot ou cette force devant la mysoginie des hommes ou femmes de pouvoir. L'entreprise pense toujours que la femme prend déjà trop de repos à cause des enfants (maladie, arrêt, grossesse et j'en passe) Ces hommes de pouvoir ou d'entreprises ont pourtant des femmes, des enfants, ils doivent rencontrer ces problèmes chez eux (peut être sont-ils suffisamment riches pour que la femme reste à la maison en s'occupant de la maison, des chaussettes et des enfants).
Il y a tant à dire, je reste avec ce petit commentaire, j'aurais automatiquement à en parler, les occasions ne manquent pas.
La pintade rose