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04 Dec

Une simple épingle à chapeau contre le harcèlement de rue

Publié par La pintade rose  - Catégories :  #Les Odileries, #J'aime

Une épingle à chapeau est une broche, souvent décorative, qui sert à maintenir un chapeau sur la tête, en le fixant le plus souvent aux cheveux. Dans la culture occidentale, l’épingle à chapeau est presque exclusivement un accessoire féminin. Plusieurs broches peuvent être utilisées simultanément. 

Épingle à chapeau

L’épingle à chapeau peut être simple avec juste une tige pouvant mesurer de 5 à 30 cm. longueur et une tête d’épingle. La tête de l’épingle est généralement décorée et sert d’ornementation au chapeau. Certains modèles peuvent avoir un fermoir similaire à celui d'une boucle d’oreille. 

L’épingle à chapeau a été inventée pour tenir les voiles en place sur la tête. Dans la mesure où la fabrication était artisanale, et la demande plus importante que l'offre, la Grande-Bretagne en faisait importer de France. En 1832, un Américain invente une machine pour remplacer le travail artisanal. Le prix devient alors abordable, et l’usage de l’épingle se généralise pour devenir un accessoire populaire. En 1908, aux États-Unis, une loi limite la taille des épingles à chapeau afin que les suffragettes ne puissent les utiliser comme des armes.

Animée par un enthousiasme toujours plus grand, elle a fini par croiser la route d’une autre passionnée, l’antiquaire Ghislaine Chaplier, spécialisée dans les objets de collection féminins, dont l’adresse de la boutique-boudoir, au Village Suisse – un rassemblement de galeries d’art à deux pas de la tour Eiffel –, se transmet de bouche à oreille entre initiés. Aujourd’hui, Noëlla détient une collection d’environ 800 épingles réparties par thèmes. « Je les compose souvent en bouquets dans de jolis vases anciens ou sur des présentoirs, appelés porte-épingles, mais également sur des chapeaux, pour les avoir toujours dans mon champ de vision. »
Son modèle préféré ? La série d’insectes Art nouveau, particulièrement recherchée par les collectionneurs. La mode des épingles à chapeau s’est étendue de la moitié du XIXe siècle à l’après-Seconde Guerre mondiale, avec un point culminant entre 1880 et 1910.
À la Belle Époque, une dame élégante digne de ce nom ne sort jamais « en cheveux », c’est-à-dire tête nue… Le chapeau, souvent volumineux, devient un accessoire de mode indispensable à la toilette. Mais sa grande envergure exige des épingles aux tiges tout aussi démesurées – leur longueur, d’environ 30 cm, est comparable à celle d’une aiguille à tricoter – pour fixer cette architecture fragile et éviter l’envol du couvre-chef par mauvais temps.

L’objet devient alors un véritable danger public ! Car les élégantes s’en servent notamment comme armes dissuasives au moment des soldes ou pour régler des différends amoureux. Les accidents ophtalmologiques dans les transports, voire les faits divers tout droit sortis d’un roman d’Agatha Christie, se multiplient – les cartes postales de Noëlla en sont d’ailleurs une belle illustration –, au point que le préfet de police de Paris promulgue fin 1913 une ordonnance réglementant le port des épingles à chapeau dans les rues de la capitale.

Obligation est désormais faite aux fashionistas d’avant-guerre de garnir l’extrémité de la redoutable épingle avec un protège-pointe. Lequel devient, naturellement, un objet tendance sous la forme d’un petit cylindre ou d’un modèle délicatement ouvragé, en rappel de la tête de l’épingle…

Un complément sur l’histoire de L'épingle.

Article paru dans le Figaro du 10 décembre 1913.

 

 

Il est question, de nouveau, de nous protéger contre elle. Il y a plusieurs années déjà, quand fut instaurée la mode des chapeaux géants que seules semblaient capables de fixer solidement sur la tête des femmes des épingles redoutables par leur longueur et par leur poids, de nombreux maires s'étaient émus des dangers que faisaient courir aux passants ces coiffures hérissées de pointes, qui dans la rue, en chemin de fer, au théâtre, dans les voitures publiques, menaçaient la sécurité des yeux, des nez, des bouches... Et des ordonnances furent rendues qui prescrivaient que la longue épingle à chapeau, l'épingle homicide ne serait tolérée désormais qu'à condition qu'un protège-pointe, vissé à son extrémité, la rendît inoffensive. Il y avait eu aussi, à Paris une ordonnance préparée par M. Lépine sur ce sujet. Et puis le bon préfet s'était ravisé. Il espérait un changement de mode prochain, et il avait laissé dormir le papier dans son tiroir. M. Hennion vient de l'en tirer, et l'on nous annonce qu'une ordonnance va paraître où le nouveau préfet rappellera la nécessité du protège-pointe, et menacera de punitions les grandes épingles dont les pointes s'obstinent, si j'ose dire, à se promener dévêtues dans Paris.

Que M. Hennion ne s'illusionne point. Son ordonnance, qui sera mise en vigueur dans dix jours, le 20 décembre, ne nous protégera guère, et il n'en faudra accuser que les hommes; - leur nonchalance, leur fierté, leur gentillesse. On n'obtiendra jamais d'un Parisien qu'il se défende en public contre les incommodités ou les périls créés par le voisinage d'une femme. Il les subira en bougonnant ou avec «le sourire», suivant son caractère ; mais appeler l'agent? Menacer d'un procès-verbal une coiffure féminine gênante? Je l'en défie. Il y a une immunité plus sûre, désormais, en ce pays, que celle de la Rente; c'est l'immunité de l'épingle à chapeaux.

Par Sonia

Les protège-pointe

Article paru dans le Figaro du 21 décembre 1913.

C'était hier, le 20 décembre 1913, qu'entrait en vigueur l'ordonnance du préfet de police qui enjoint aux dames de munir de «protège-pointe» les épingles de leur chapeau.

La plupart ont docilement obéi à cette ordonnance et, sur les boulevards, dans les voies fréquentées, on pouvait constater que presque toutes les épingles portaient leur petite boule. Il y en avait même de fort élégantes.

Dans les tramways et les omnibus, on ne faisait point encore d'observations aux réfractaires. Peut-être attend-on que des plaintes se produisent. Mais au Métropolitain et au Nord-Sud les plantons chargés de pointer les billets, avaient pour consigne de bien regarder les chapeaux et de refuser impitoyablement l'entrée à toute porteuse d'épingle à pointe nue...Le remède était facile d'ailleurs: les marchandes de journaux à l'entrée s'étaient munies de tout un assortiment et moyennant deux sous on pouvait se mettre en règle... Elles ont dû faire de bonnes affaires.

Double contravention pour les épingles

Article paru dans le Figaro du 28 décembre 1913.

Pour un jeune homme que les agents virent s'enfuir précipitamment dans la direction de la rue de la Roquette, hier, deux jeunes filles se querellaient, place de la Bastille.

Augustine Randon et Yvonne Lamblin, bientôt à bout d'arguments tirèrent de leurs chapeaux deux longues épingles, mais à ce moment, d'une main solide, les agents attrapèrent au vol les poignets délicats et conduisirent les jalouses au poste.

Leur colère tomba. Yvonne et Augustine étaient même sur le point de se réconcilier, lorsque M. Boutineau, commissaire de police, leur apprit qu'il dressait une double contravention, non seulement pour scandale sur la voie publique, mais aussi pour port d'épingles à chapeau non munies de protège-pointe.

Telle est sans doute, pour ce dernier motif la première des contraventions dressées en vertu d'un arrêté récent de M. Hennion.

Eh voilà, vous savez tout sur cette pointe......
LPR
 

 

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Coups de cœur, coups de bec d'une habitante de Sant Nazer (44600)