Le recyclage des appareils électroniques est une vieille lune, remise au goût du jour par un rapport sénatorial, signé de Marie-Christine Blandin (Écologiste) et de Jean-François Longeot (UDI-UC). Cette fois, les téléphones portables sont plus particulièrement visés. Les deux sénateurs déplorent le peu d'entrain des Français à recycler leurs vieux mobiles, alors qu'ils représentent des gisements de matières premières et d'emplois.
Cette collecte très limitée s'explique notamment par les «freins psychologiques au geste de tri», selon le rapport. «Les gens ont peur que les données [contenues dans les portables] circulent» et pensent que leur vieil appareil «peut toujours servir», souligne Marie-Christine Blandin. En outre, il n'est pas toujours aisé de savoir où déposer un mobile usagé.
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Les vendeurs ont pourtant une obligation de reprise lors de l'achat d'un nouvel appareil. Cette obligation a été mise en place par une directive européenne datant de juillet 2012, dite directive D3E ( Déchets d'équipements électriques et électroniques). Elle a pour objectif de favoriser le recyclage de ces équipements et impose aux fabricants et aux importateurs d'équipements électroniques et électriques de prendre en charge les coûts de ramassage ainsi que le traitement des déchets d'équipement électriques et électroniques.
«Quarante minéraux et métaux précieux sont perdus», regrette le rapport. Les portables sont en effet «une véritable mine urbaine»: une tonne de cartes électroniques «peut comprendre jusqu'à 1 kg d'or, 5 kg d'argent, 9 kg de tantale et 250 kg de cuivre». L'or, en particulier, «témoigne de l'intérêt économique du recyclage». Une tonne de cartes électroniques peut contenir en moyenne 200 grammes d'or, tandis que la concentration d'une très bonne mine est évaluée à cinq grammes par tonne de minerai. Recycler les matières premières utilisées est d'autant plus important que les ressources risquent à terme de se raréfier et que certaines, comme le coltan en République Démocratique Du Congo, sont extraites dans des zones de conflits armés ou «dans des conditions environnementales, sanitaires ou sociales problématiques», soulignent les auteurs du rapport.
Une source d'emplois
De même, de nombreux emplois pourraient être dédiés au recyclage, même si le nombre est difficile «à estimer, car il y a beaucoup d'emplois diffus, d'autoentrepreneurs». Aux Ateliers du Bocage, une entreprise d'insertion située dans les Deux-Sèvres, 140 salariés ont traité depuis 2006 environ trois millions de téléphones usagés (recyclage ou réutilisation). Avec 100 millions d'appareils dans les tiroirs des Français, il y a de quoi développer l'emploi.
Malheureusement, «la conception des téléphones est délibérément défavorable» au recyclage et au réemploi, déplorent-ils, citant à titre d'exemple «la quasi-impossibilité de remplacer les batteries intégrées» aux téléphones, les vis non standards, le collage ou le soudage de certains éléments. Outre une campagne nationale appelant à vider ses tiroirs, le rapport préconise de diversifier les modalités de collecte, d'allonger la durée de garantie de deux à quatre ans, d'améliorer l'information des consommateurs sur la composition des téléphones et la provenance des matériaux.