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20 May

L' abbé Saunière ou la légende d'un trésor... mais lequel ?

Publié par La pintade rose  - Catégories :  #Les Odileries

L'abbé Bérenger Saunière et le mythe de Rennes-le-Château ont inspiré de nombreux livres, essais, reportages, romans de fiction et des téléfilms et autres émissions de télévision, ainsi que, consécration suprême pour un homme sans aucune notoriété de son vivant (hors de son village), un musée municipal qui porte son nom.

La légende du trésor nourrit tous les fantasmes depuis les années soixante et la "révélation" de la découverte de l'abbé Saunière. Ce dernier n'aurait en fait rien trouvé dans le sous-sol de son église.

Au début des années 90, les chercheurs de trésor le détestaient car sa démonstration, limpide tuait le mythe actuel de Rennes-le-Château. Alors que la légende populaire née dans la fin des années 50 (lire ci-dessous) selon laquelle l'abbé Saunière avait découvert un magot formidable alimente toutes sorte de fantasmes et nourrit le tourisme local, Jean-Jacques Bedu s'est effectivement attaché à démontrer l'origine très cartésienne de la fortune éphémère de l'abbé de Rennes-le-Château. Aujourd'hui d'ailleurs, les principaux chercheurs ne renient pas ces travaux et considèrent Saunière comme un 'pion' .

1. Le trafic de messes
Ce dernier s'est, en fait, enrichi en vendant un nombre considérable de messes, une pratique courante à l'époque dont il avait fait une véritable industrie. L'auteur de 'Rennes-le-Château, autopsie d'un mythe' dispose d'archives de l'abbé Saunière qui ne laissent aucune place au doute. Le célèbre curé tenait effectivement très précisément les comptes non seulement de ces fonds 'secrets' mais aussi de toutes les lettres de sollicitations qu'il envoyait dans les congrégations religieuses du monde entier pour proposer ses services. Il sollicitait également de nombreux dons et publiait des annonces dans les revues religieuses de la France entière pour vendre ses messes. Un business qui fonctionnait tellement bien qu'il s'est même vite retrouvé débordé et incapable de dire toutes les messes pour lesquelles il avait été payé. "Il pouvait en recevoir jusqu'à 400 par jour alors qu'il ne pouvait légalement en dire que trois par jour" explique Jean-Jacques Bedu. Chaque messe coûtant entre 50 centimes et 1,5 franc, l'abbé Saunière s'est petit à petit retrouvé à la tête d'une somme d'argent rondelette qui lui a permis de financer les travaux de rénovation de l'église et la construction de la villa Béthanie.

2. Les travaux et la découverte d'un tombeau
La légende affirme que le curé aurait découvert une partie du trésor dans un tombeau sous l'église de Rennes lors des travaux. Là encore, elle serait née sur le seul témoignage d'un certain Antoine Verdier qui affirmait avoir été chassé de l'église par Saunière alors que ce dernier venait d'enlever le maître-autel. Mais Jean-Jacques Bedu, toujours soucieux de s'en tenir aux seuls faits, démontre que c'est faux. "Verdier est né en 1887 et les travaux commençaient à peine !". On voit mal comment le bébé qu'il était alors aurait pu travailler avec l'abbé aux travaux de l'église ! Toujours est-il que Saunière a certainement trouvé dans un balustre une fiole contenant l'emplacement d'un tombeau. Il aurait alors commencé des fouilles, notamment dans le cimetière, à la recherche de cette crypte. Le 21 septembre 1891, il écrit dans son journal où il consignait tout : 'Lettre de Granes, découverte d'un tombeau, le soir pluie'. Huit jours plus tard il consigne : 'Chez Gélis. Chez Carrière. Vu Cros et secret'. Cros était le vicaire général de Carcassonne. Certains voudraient croire que Saunière lui a alors raconté son secret. Mais la réalité est plus terre à terre selon Jean-Jacques Bedu. "Quand Saunière écrit secret, c'est en fait l'abréviation de secrétaire. Ce jour-là, il a donc vu ce fameux Cros et son secrétaire !".

Quant aux symboles qui seraient glissés dans le décorum de l'église, Jean-Jacques Bedu n'y croit pas non plus. "Prenons l'exemple du pavement noir et blanc censé être lié à la franc-maçonnerie. Du temps de Saunière, il était seulement blanc, il a été refait dans les années 60". Saunière n'était donc pour rien dans le choix de ces couleurs… Pour le reste du décorum, rien de bien mystérieux non plus, "Tous les éléments ont été commandés sur catalogue par Saunière" continue Jean-Jacques Bedu qui explique le côté surprenant de l'ensemble par le goût bling-bling du curé. "C'est la décoration d'un parvenu qui voulait en mettre plein la vue".

3. Les ennuis financiers
En faisant construire la villa Béthanie, l'abbé Saunière affirmait vouloir "édifier un havre de paix pour les prêtres âgés du diocèse". N'empêche. Voyant arriver la loi de séparation de l'église et de l'État (1905), il prend le soin de mettre tous les papiers au nom de sa bonne Marie Dénarnaud. En 1908, Mgr Billard, nouvel évêque, semble décidé à faire le ménage. Il exige de voir les factures et les livres de comptes de l'abbé. Les papiers de la villa étant au nom de Marie Dénarnaud, l'abbé Saunière est accusé d'avoir dépensé les deniers de l'église au profit d'un tiers. L'évêque n'apprécie pas non plus le trafic de messes et un procès est ordonné contre le curé de Rennes. Il le perd et est nommé à Coustouge où il n'ira finalement jamais officier. "C'est là qu'arrivent les problèmes financiers. J'ai retrouvé de nombreuses lettres de relance de la part des artisans qui avaient effectué des travaux et n'avaient pas été payés". Lorsqu'il meurt en 1917, l'abbé Saunière est ruiné. Marie Dénarnaud hérite des biens… et des factures ! C'est alors que quelques années plus tard, le mythe de Rennes-le-Château va naître…

L' abbé Saunière ou la légende d'un trésor... mais lequel ?

Tout cet amas d'histoires reste plus ou moins confidentiel, jusqu'à ce que Dan Brown, en 2004, à travers son Da Vinci Code, porte l'histoire en place publique. Quel trésor le curé avait-il bien pu trouver ? La région n'en manquait pas. Un dépôt de monnaie arabe ainsi qu'une base de statuette d'or ont été découverts. On sait que Saunière aimait fouiner la campagne, muni d'une hotte. Par le passé, les habitants ont organisé des chasses au trésor. En 1339, des moines de Boulbonne entreprirent des fouilles nocturnes sur les hauteurs encadrant Axat, village proche de Rennes-le-Château. À l'époque, une tradition bien ancrée disait que les Wisigoths, chassés par Clovis, avaient pu entasser un trésor dans les grottes de la montagne. Trésor qui aurait compris le butin du pillage de Rome en 410, dérobé par les Romains à Jérusalem en 70. Didier Audinot, grand spécialiste des énigmes de l'Histoire, rapporte que le neveu de Saunière lui a dit avoir vu des lingots d'or bitumés sur la table de la tour Magdala, lorsque, enfant, il rendait visite à son oncle. Fait troublant, la comptabilité de Saunière révèle qu'il consommait énormément de pétrole, dont l'usage aurait pu servir à dissoudre le bitume. Pour certains chercheurs, Saunière avait trouvé le trésor des rois de France, caché dans le Razès, plus précisément à Rhedae, soit Rennes-le-Château, par Blanche de Castille. Il y a eu aussi le trésor des cathares, puis celui des Templiers. Comme le Christ semblait être passé par là, connaissait-il le secret de l'emplacement de son tombeau ? Puisqu'il avait découvert des parchemins, qu'il avait laissé des messages secrets dans la décoration de son église et qu'il avait tendance à régulièrement fouiller le cimetière, seul fait réellement attesté par deux plaintes du conseil municipal, il avait forcément mis la main sur des choses de valeur. 

D'autres curés semblaient jouir de fortunes semblables, comme l'abbé Gélis, assassiné en 1897. Le crime ne fut jamais résolu. Le meurtrier cherchait quelque chose, pas de l'argent, puisque les gendarmes découvrirent d'importantes sommes en pièces d'or, cachées en divers endroits de sa maison et de sa sacristie. On supposa qu'il avait été, de son vivant, maître chanteur. À côté de Gélis et de Saunière, on trouve aussi l'abbé Boudet, curé à Rennes-les-Bains et intime de Saunière. Les deux prêtres partaient souvent en excursion dans la campagne. Le trio aurait-il découvert un trésor ? Aucun élément de preuve ne permet de le dire. 
Trafiquant de pardon des péchés 
Trésor ou pas, le train de vie du curé fait jaser les villageois et grincer des dents l'évêché, qui l'accuse de simonie. Les rumeurs prennent de l'ampleur, lorsqu'en 1900 Saunière fait construire une tour néogothique ainsi qu'une villa sur trois étages. Là, les dépenses engagées dépassent l'entendement. Régulièrement sermonné par l'autorité supérieure et sommé de s'expliquer sur les sources de ses revenus, Saunière répond aux multiples courriers quand bon lui semble, envoie des dossiers incomplets, voire ne se présente pas aux convocations. Agacé, monseigneur de Beauséjour, bien moins complaisant que son prédécesseur, lui intente, en 1910, un procès canonique. Le procès traîne en longueur. Déchu de ses fonctions sacerdotales en 1911, Saunière est inculpé pour détournement de fonds en 1915. L'évêché de Carcassonne a sa théorie. Le curé n'a pas trouvé de trésor, il a établi sa fortune sur un formidable trafic de messes payantes. S'il avait trouvé un fabuleux trésor, pourquoi se serait-il livré à un trafic d'indulgences (pardon des péchés) ? Un raisonnement issu du bon sens. Si Saunière refusait de dévoiler l'origine de ses richesses, c'est qu'elles n'étaient pas très catholiques. En dix ans, il avait drainé une masse colossale de demandes en provenance de toute l'Europe, par petites annonces dans les gazettes religieuses, fait attesté par la comptabilité du prêtre. Il est clair que, même en les regroupant au cours d'un même office, il ne pouvait pas toutes les dire. Saunière se défendra de tout enrichissement personnel, arguant que la villa n'avait pas été édifiée pour "y couler mes jours dans le luxe et la mollesse", mais pour en faire une maison de retraite pour les prêtres âgés et infirmes. "Rien n'aurait manqué aux pauvres vieux, pas même une place réservée dans le cimetière de la paroisse", consigne-t-il le 15 juillet 1910, veille de sa convocation. 

François, Bérenger, Saunière, souvent simplement dénommé sous l'appellation de l'abbé Saunière dans de nombreux ouvrages historiques et de fiction ou dans des reportages de presse, est un prêtre catholique français, né le  à Montazels, village situé dans le département de l'Aude et mort le  à Rennes-le-Château, village situé dans ce même département.

Cet homme d'église est principalement connu pour avoir dépensé d'importantes sommes d'argent durant son ministère effectué à Rennes-le-Château, mais dont le montant, la nature et l'origine exactes restent inconnus. Cet enrichissement personnel reste étroitement associé, dans l'imaginaire collectif, à la découverte d'un hypothétique trésor par cet homme sur le site même du village. Cette affaire débute avec des rumeurs d'une supposée découverte d'objets de valeurs ou de parchemins (voire les deux) par cet abbé, alors qu'il avait entrepris des travaux de rénovation dans son église paroissiale en très mauvais état dans le courant de l'année 1891, notamment au niveau de son maître-autel.

En outre, l'abbé Saunière, par ses réalisations immobilières et ses aménagements, notamment à l'église paroissiale de l'église Sainte-Marie-Madeleine et dans son voisinage immédiat, a profondément modifié la physionomie architecturale et la vie des habitants de ce petit village, lequel était demeuré, jusqu'à sa nomination et son installation dans la paroisse, totalement inconnu hors de sa région voire hors de son canton.

En raison de cette affaire d'enrichissement due à un supposé trésor, mais enjolivée par de nombreux récits de fiction, des récits d'enquêtes de niveaux divers, et même de nombreux articles de presse et de reportages de télévision, autant d'origine française qu'étrangère, l'abbé Saunière et la commune de Rennes-le-Château ont acquis une renommée internationale, notamment en Europe et dans les pays anglo-saxons. Évènement qui a été masqué par cette supposée découverte - et peut expliquer la mystérieuse fortune dont il semble avoir joui -, l'Abbé Saunière a subi une suspense a divinis au cours de l'enquête pour trafic de messes effectuée contre lui par la hiérarchie religieuse, punition grave pour un prêtre en exercice à cette époque. L'abbé a eu, d'ailleurs, toujours beaucoup de mal à s'expliquer, refusant de donner à sa hiérarchie des justifications claires et détaillées sur l'origine de sa supposée fortune.

La famille Saunière est originaire de Montazels, petit village situé dans l'Aude à proximité de Couiza, non loin de la colline de Rennes-le-Château, celle-ci étant toujours visible en 2017 depuis l'ancienne maison familiale des Saunière.

Le grand-père de Bérenger se dénommait François Saunière et il exerçait la profession de charpentierdans ce même village de Montazels. Avec son épouse, ils auront six enfants, dont le père du futur abbé, dénommé Joseph Saunière et un oncle dénommé Jean-Baptiste qui sera également prêtre à la paroisse de située dans le Pays de la haute vallée de l'Aude à 10 km au nord-ouest de Couiza.

Joseph Saunière, son père, né en 1823 et décédé en 1895, épousa Margueritte Hugues le 20 janvier 1850 (décédée en 1909). Cet homme fut gérant de minoterie, régisseur du château du Marquis de Cazermajou. Il fut également le maire du village de Montazels. La famille du futur abbé est donc une famille de notables locaux et leur maison, bien entretenue, est toujours visible en 2016, au cœur du petit village ; celle-ci offrant, en outre, une vue imprenable sur les collines du Razès, dont celle où émerge le village de Rennes-le-Château. Enfant, le futur abbé Bérenger Saunière connaissait donc très bien la région et le secteur immédiat de sa future et dernière paroisse.

Joseph et Margueritte auront onze enfants dont quatre décéderont en bas âge. Né le 11 avril 1852, Bérenger Saunière sera le second enfant de la famille, mais il aura le statut de fils aîné du fait de la mort de son frère né en 1850, mais décédé la même année. Bérenger Saunière aura notamment un frère dénommé Jean-Marie, Alfred mais connu sous le simple prénom d'Alfred, de 3 ans son cadet. Ce frère sera prêtre en 1878. Il sera également enseignant dans des établissements de la Compagnie de Jésus mais aussi professeur au petit séminaire de Narbonne. Il aura également le titre de précepteur chez le marquis de Chefdebien. Alfred saunière, prêtre suspendu, puis défroqué, aura une relation avec une certaine Marie-Émilie Salière avec laquelle il aura au moins un enfant.

Formations et débuts professionnels (1874 - 1885)Modifier

Bérenger Saunière entre en 1874 au Grand séminaire de Carcassonne où il apprend le latin, le grec ancien et, expérience plus exceptionnelle à ce niveau, des notions d'hébreu. Ses connaissances et ses aptitudes lui permettront de rester un certain temps au grand séminaire en qualité de professeur. D'autres sources citent le Grand séminaire de Narbonne comme son lieu d'exercice professoral.

Il devient diacre, puis fut ordonné prêtre le  avant d'être nommé à Alet-les-Bains le  pour une période de trois ans. Il fut ensuite nommé curé au village de Clat le ), petite bourgade isolée située sur les terres des Nègres d'Ables dont on retrouvera le nom lorsque la fameuse histoire de trésor sera évoquée quelques années plus tard.

Bérenger Saunière y resta trois ans avant de devenir professeur à Narbonne pour quelques mois. Selon de nombreuses sources, son attitude jugée trop indépendante lui valut d'être nommé à la paroisse de Rennes-le-Château, petite paroisse perdue dans la campagne audoise et présentant une église avec un presbytère délabré, mais bien connue de Bérenger Saunière.

Bérenger Saunière est donc nommé le 22 mai 1885, à l'âge de trente-trois ans, à la cure de Rennes-le-Château, village pauvre et isolé de 200 habitants à l'époque, car déjà durement touché par l'exode rural qui touche, durant cette période, toute la région des Hautes Corbières. En effet, selon les statistiques de recensement, le village de Rennes-le-Château a déjà perdu, en moins de 50 ans, la moitié de sa population (474 habitants en 1851, 241 habitants en 1891).

L'église dédiée à Marie Madeleine, édifice qui date du xiie siècle est délabrée, des planches remplacent les vitraux cassés par les rafales de vent, la toiture est percée, la pluie a fait des ravages à l'intérieur et le presbytère est invivable, obligeant le jeune curé arrivé le 1er juin 1885 à habiter chez une paroissienne, Antoinette Marre.

Quelques années avant l'installation de ce nouvel abbé, le livre des rapports et délibérations du Conseil général du département de l'Aude dans son édition d'août 1883 indique que, d'une part, le clocher de l'église de Rennes-le-Château est « lézardé sur ses 4 faces » et que la toiture de l'édifice et du presbytère nécessitent une réfection complète. Cette délibération indique également que si la commune a assuré le financement de quelques travaux d'urgence, celle-ci, associée au conseil de fabrique local demande une subvention de l'État pour l'achèvement de ces travaux ainsi que pour le remplacement du maître-autel. Cette demande n'aura aucune suite.

Désolé, voire peut-être écœuré par ce qu'il découvre, mais aussi emporté par ses convictions légitimistes, l'abbé Saunière n'hésite pas à diaboliser, dès son arrivée, la jeune République maçonnique et, lors des élections législatives françaises de 1885, il conseille un vote royaliste au cours d'une de ses homélies. Le maire de Rennes-Le-Château s'en plaint au ministre des cultes, si bien que le préfet de l'Aude lui notifie une décision ministérielle prise par René Gobletministre des Cultes du Gouvernement Charles de Freycinet, qui le suspend de tout revenu pendant six mois à partir de décembre 1885. L'évêque de Carcassonne Paul-Félix Arsène Billard le nomme professeur au petit séminaire de Narbonne afin de ne pas le priver de ressources.

Grâce à l'aide d'un commerçant limonadier du village voisin de Luc-sur-Aude, compétent en travaux de maçonnerie et dénommé Elie Bot, l'abbé Saunière put entamer dès 1886 les rénovations les plus urgentes (toiture, presbytère) grâce aux dons de quelques paroissiens et de certaines de ses connaissances extérieures au village, ce qui lui permet de s'installer au presbytère. Ces travaux considérés comme déjà coûteux ne furent pourtant réalisés que sur une longue période, Élie Bot n'effectuant ses interventions qu'en fin de semaine, après ses activités professionnelles. Au fil du temps, le limonadier devient le maçon attitré du curé de Rennes-le-Château.

Durant cette même période, l'abbé saunière prend immédiatement une décision qui choqua certains de ses paroissiens : celui-ci engage comme gouvernante une jeune servante de dix-huit ans, Marie Denarnaud. Celle-ci considérée comme dépassant ce simple rôle entraîna dans le village des propos médisants, entretenus par le fait qu'elle deviendra plus tard sa légataire universelle. L'abbé la garda pourtant auprès de lui jusqu'à sa mort qui survint en 1917. Marie, plus jeune que l'abbé, décéda bien plus tard, en 1953.

L' abbé Saunière ou la légende d'un trésor... mais lequel ?
Travaux de rénovations, de fouilles et de « découvertes »Modifier

Selon des témoignages plus ou moins concordants, l'abbé décide, après avoir fait procéder à la réparation de la toiture et ainsi éviter les infiltrations et autres fuites, de procéder rapidement au remplacement du maître-autel en  grâce à un don de 700 francs offert de la part d'une paroissienne (lointaine) dénommée Marie Cavailhé de Coursan qui paya directement la facture du nouvel autel à l'entrepreneur F.D. Monna de Toulouse, et dont on retrouvera un duplicata de facture établi à son nom en 1905.

L'affaire des parchemins  Modifier

Lorsque les ouvriers (sans qu'on ait leur nombre exact, ni la certitude de leur identité) déplacèrent la pierre de cet autel très ancien, ils découvrirent des « parchemins » ou des documents de type similaire dans une cache d'un pilier ancien (dit « wisigothique ») qui soutenait cet autel. Cette cache, dite aussi « capsa », en latin, est une sorte petite ouverture creusée à même la pierre qui, à l'époque médiévale, contenait généralement des reliques de tailles relativement modestes. La dimension de ce type de cache invalide pourtant la présence de plusieurs parchemins, au vu de l'aspect de tels documents et de la forme même d'une cache dans un tel pilier si ancien. Toutefois, si des documents de cette nature ont été déclarés (puisque la mairie exigera leurs présentations), ils ont probablement été découverts dans un autre endroit que la modeste « capsa » de ce pilier ancien.

À l'occasion de ces premiers travaux et sous la foi du simple témoignage du maçon et limonadier Élie Bot, il semble attesté que, lors de travaux, des parchemins furent remis au curé, lequel prétexta qu'ils étaient de grande valeur pour les garder de côté. Face aux exigences du Conseil Municipal, l'abbé Saunière fournit des calques de ces parchemins, lesquels disparurent durant l'incendie de la mairie survenu dans les années 1910. Une autre version de ces parchemins fut publiée dans les années 1960, mais ils s'avérèrent des faux grossiers réalisés par des individus avides de sensationnalisme et de notoriété.

Selon certaines versions, ces parchemins auraient également pu être découverts dans le compartiment d'un balustre en bois situé près de l'autel. Selon d'autres hypothèses ces parchemins auraient pu être situés dans un autre endroit du pilier ou dans un autre pilier de l'autel qui devait en compter deux. Hypothèse que corrobore un des plus anciens investigateurs de cette découverte, l'auteur et écrivain Gérard de Sède, passionné de pseudohistoire qui déclare dans son ouvrage consacré à L'Or de Rennes  qu'il y avait « deux antiques piliers, d'époque wisigothique où sont finement sculptés des croix et des hiéroglyphes ». Quoi qu'il en soit de la réalité des versions, aucun historien ne semble connaître exactement aujourd'hui le contenu de ces parchemins, leur auteur ni leur époque.

L'hypothèse couramment établie par la plupart des versions indique que ces documents considérés comme des parchemins anciens auraient été au nombre de quatre et qu'ils se référeraient (sous toute réserve) à :

  • Un arbre généalogique, sous forme de litanies, énumérant les descendants du roi Dagobert II entre l'an 681 et mars 1244(date du mariage de Jean VII avec Elisende de Gisors). Ce document à la date du , portait le sceau de la reine Blanche de Castille.
  • Un testament de François-Pierre d'Hautpoul en date du , enregistré le 23 novembre de la même année par le notaire d'Espéraza. Ce document contenait la généalogie des mérovingiens de 1200 à 1644, ainsi que 6 lignes faisant référence à saint Vincent de Paul.
  • Un testament d'Henri d'Hautpoul du , contenant des invocations aux cinq saints repris par Saunière dans le statuaire de son église.
  • Un recto-verso du Chanoine JP Nègre de Fondargent, datant de 1753, supposé être écrit de la main de l'abbé Antoine Bigou, curé de Rennes-le-Château du 1774 à 1790. Ce document semble le plus mystérieux des quatre : il comporterait des textes de l'Ancien Testament. La partie recto (appelée « Grand parchemin ») comporte des mots dispersés de façon apparemment incohérente, et la partie verso (appelée « Petit parchemin ») des lignes tronquées dans le désordre avec des lettres placées les unes au-dessus des autres. Le problème de cette description du quatrième parchemin est qu'elle se base elle-même sur sa soi-disant reproduction originellement parue dans l'ouvrage de Gérard de Sède publié en 1967. Or il est avéré qu'il s'agissait là de la fameuse supercherie déjà évoquée : c'est Philippe de Chérisey, un acteur en mal de notoriété, complice du mystificateur Pierre Plantard, qui avait confectionné pour la cause ces faux documents, fabriquant le « Petit parchemin » en recopiant une reproduction d'un folio de l'antique Codex Bezae.
L' abbé Saunière ou la légende d'un trésor... mais lequel ?

Après cette première découverte supposée, l'abbé Saunière reprend ses travaux, continuant par l'aménagement de nouveaux vitraux pour l'église, puis dans la restauration des sols, s'engageant ainsi dans un réaménagement complet de l'intérieur de l'édifice religieux.

Au cours de ces travaux, l'abbé procède à de nouvelles découvertes en 1891 : lors de restauration du carrelage de la nef, suite à sa décision de procéder à l'installation d'une nouvelle chaire. Face au maître-autel, il découvre avec l'aide de ses ouvriers une dalle sculptée dite « du Chevalier ». Cette sculpture, classée à titre d'objet en 1950, servit de plaque pour une croix de mission et de bas aux monuments aux morts de la commune. Après un court passage au musée lapidaire de Carcassonne, elle fut installée dans le musée de l'abbé Saunière.

La face sculptée de ce panneau étant posée contre terre, celle-ci ne semblait pas être repérable jusqu'à son soulèvement. Il s'agit d'une dalle de grès sculpté : le panneau de gauche représente un cavalier ou plus probablement une femme montant en amazone avec son cheval qui boit à une auge et le panneau de droite représente un cavalier tenant un javelot et un bouclier rond, lequel pourrait éventuellement représenter la tête d'un enfant, voire un second cavalier. Cette dalle mesure environ 1,30 mètres de long sur 0,72 mètres de large, son épaisseur relativement faible étant de 8 centimètres.

Le bulletin de la société d'études scientifiques de l'Aude dans son tome 31, de 1927 présente la dalle des chevaliers en ces termes : « Pierre tombale carolingienne (771), trouvée en 1884/1885 (?) sous l'autel de l'église romane de Rennes-le-Château, ancienne capitale bien déchue du comté du Razès. Actuellement (1927) dans le jardin qui précède le cimetière, posée à plat où elle s'effrite, couverte de terre et de feuille et sert de plate-forme au monument du souvenir. Détail curieux, la partie sculptée était à l'intérieur et la partie unie à l'extérieur. ».

Un ancien registre paroissial datant des années 1694 à 1726 mentionne bien à cet endroit la présence d'un tombeau accueillant le corps des anciens seigneurs du château local, comme il était de coutume dans de nombreuses provinces françaises sous l'Ancien Régime.

Il a également été attesté que l'abbé Saunière ait contribué à la découverte d'un crâne percé, lors de fouilles personnelles effectuées en 1895 sous la dalle des chevaliers de son église ; ce même crâne, resté sur place, a été redécouvert par une équipe de chercheurs carcassonnais en 1956. Selon deux expertises effectuées en 2009 et en 2014 à la demande de la mairie de la commune avec l'autorisation du ministère de la Culture, il s'agit du crâne d'une homme de 50 ans, décédé entre 1281 et 1396, sans que l'on sache de qui il s'agissait, ni s'il y a un quelconque rapport avec la supposée affaire de trésor.

Le déplacement de cette dalle ancienne, difficilement décelable extérieurement, fut à l'origine de nombreuses rumeurs, dont celle de l'éventuelle découverte d'une oule remplie de pièces d'or et d'objets de culte précieux, supposée avoir été déposée à cet endroit pour être dissimulée sous la dalle (la pose inversée de celle-ci pourrait, alors, avoir un rapport avec l'idée de cacher ce tombeau et son contenu précieux). Selon René Descailledas, historien local, il s'agirait peut-être d'un simple magot qui aurait été enterré à la Révolution par l’abbé Bigou, pour le soustraire aux inventaires. Si ce fait est avéré, l'abbé aurait donc trouvé quelques objets de valeurs, ce qui aurait pu ensuite l'encourager à se lancer dans des recherches plus approfondies que l'on pourrait assimiler aujourd'hui à de simples pillages de tombes.

L'accusation de pillage de tombesModifier

Dès l'année 1892, année qui marque la fin des principaux travaux liés à l'aménagement de l'église, l'abbé Saunière commence à s'intéresser à l'environnement immédiat de son église, dont le presbytère, le cimetière et les chemins qui y mènent. C'est également cette année-là que Marie Dénarnaud s'installe à demeure avec sa famille dans le presbytère.

L'attitude de l'abbé peut donc, dès cette période, paraître de plus en plus étrange aux villageois qui se rendent compte que le curé aidé par sa servante commence à creuser dans le cimetière contigu à l'église, bouleversant ainsi l'agencement des tombes et s'acharnant à effacer certaines épitaphes dont celle de Marie de Negri d’Able, épouse de François d'Hautpoul, dernier seigneur de Rennes-le-Château.

En mars 1895, le conseil municipal de Rennes-le-Château, qui a constaté plusieurs dégradations nocturnes opérées par l'abbé Saunière dans le cimetière, adresse deux lettres de plainte au préfet de l'Aude. Le texte de cette plainte officielle se présente en ces termes :

« Nous avons l'honneur de vous prévenir qu'à l'accord du conseil municipal de Rennes-le-Château à la réunion qui a eu lieu le dimanche 10 mars (1895) à 1 heure de l'après midi dans la salle de la Mairie. Nous, électeurs, protestons qu'à leur décision le dit travail que l'on donne droit au Curé de continuer n'est d'aucune utilité et que nous joignons pour appui à la première plainte notre désir d'être libres et maîtres de soigner chacun les tombes de nos devanciers qui y reposent et que M. le Curé n'ait pas le droit qu'après que nous avons fait des embellissements ou placé des croix ou des couronnes que tout soit remué, levé ou changé dans un coin. (lettre signée par l'ensemble des membres du conseil municipal présents) ».

Durant cette même période, les villageois constatent que l'abbé Saunière s'absente de manière plus fréquente de sa paroisse et de son église, souvent pour plusieurs jours, ou le surprennent à réaliser des fouilles dans la campagne avoisinante. Pendant ses voyages, il est muni d'une valise qu'il transporte à dos d'âne, ou, selon d'autres témoignages des paroissiens, d'une hotte de vendangeur sur les épaules, censée contenir des pierres ramassées pour la décoration de son église ou de la grotte de son jardin.

Une certaine « folie des grandeurs »Modifier
La Tour Magdala, la création la plus emblématique de l'abbé Saunière

L'abbé Saunière, qui semblait avoir toujours vécu, jusqu'en 1890, dans une certaine pauvreté, donne l'impression qu'après avoir procédé à de simples opérations de restauration, il se lance à compter des années 1891 et 1892 dans des dépenses somptueuses pour son église, son presbytère et l'environnement proche de ces deux bâtiments, dépenses apparemment à ses frais. Il entreprend une rénovation complète de l'église selon ses goûts, achevée en 1897.

Le style baroque saint-sulpicien de l'église est original, et put choquer quelques autres ecclésiastiques, comme l'aménagement décoratif en peintures de couleurs vives et de nombreuses statues, telles qu'un diable sculpté soutenant un bénitier (ce qui est néanmoins courant au milieu du xixe siècle comme dans l'église Saint-Malo de Dinan ; ce diable semblant écrasé par le bénitier, il ne transgresse pas l'orthodoxie religieuse).

Après l'abandon des fouilles en 1897, les constructions et les rénovations ne s'arrêtent pas en si bon chemin. En 1899, l'abbé Saunière achète six terrains à Rennes-le-Château, au nom de sa servante, Marie Dénarnaud, qu'il désigne comme sa légataire principale. Le domaine construit jusque-là est terminé en 1906. Il aménage un jardin d'agrément avec une ménagerie (où sont réunis des singes, des aras), une serre, deux tours (une en verre et une en pierre, la tour Magdala) reliées par un chemin de ronde mais aussi une maison, la villa Béthanie, petite mais luxueuse comparée aux autres maisons du village, destinée initialement à accueillir les prêtres à la retraite ; mais Saunière, dit-on, y accueille de hautes personnalités, leur offrant les mets et les alcools les plus raffinés. Selon Gérard de Sède, auteur de L'Or de Rennes qui promut le mythe du trésor de Rennes-le-Château, Saunière aurait dépensé un milliard et demi à deux milliards de francs entre 1891 et 1917 ; mais, selon Jean-Jacques Bedu, auteur de Rennes-le-Château, autopsie d'un mythe, cette estimation est fausse en raison d'un calcul erroné, basé sur la valeur actuelle du franc-or de 1900 .

L'œuvre architecturale la plus célèbre de l'abbé (et la plus représentée en photo) est sans aucun doute la tour Magdala qu'il bâtit au bord de la colline. Cette petite tour, aujourd'hui visitable, comme l'ensemble du domaine, abrite sa bibliothèque. Dans sa villa, il accueille des invités de marque qui viennent de très loin, mais dont l'identité reste obscure. Si la villa sert à loger les invités, Saunière ne vivra jamais ailleurs que dans son presbytère.

Le luxe de l'abbé fait murmurer les villageois et grincer des dents, l'évêché l'accuse de trafic de messes (voir le chapitre consacré à cette affaire), les gains de cette seule activité ayant permis de financer les constructions et le mobilier alors que d'autres importants donateurs (milieux royalistes, dont le Cercle Catholique de Narbonne dont le frère de Bérenger, Jean Marie Alfred Saunière, est l'aumônier, puis le véritable porte-parole lui permettent d'acheter des terrains et faire don de fortes sommes aux familles nécessiteuses.

Les années difficiles (1905 - 1917)Modifier

Durant les dix premières années du nouveau siècle, l'abbé Saunière continue à dépenser sans compter (collections de timbres pour lui-même, vêtements, bijoux et parures pour Marie) . Déjà sermonné par l'évêché dès 1901 mais sans conséquence, sous l'épiscopat de Monseigneur Félix-Arsène Billard, il connaît sous l'épiscopat de son successeur, Monseigneur Paul-Félix Beuvain de Beauséjour, de nouvelles pressions quant à l'origine de ses ressources. Bérenger Saunière les explique par l'envoi de nombreux dons de bienfaiteurs anonymes, mais le nouvel évêque constate que ses livres de compte sont truqués. Accusé de simonie, déplacé sur une autre paroisse en 1909 où il refuse de se rendre, Saunière finit par être traduit devant l'officialité qui le suspend a divinis en décembre 1910. Il est alors remplacé par un autre curé. Faisant appel à Rome, il est réhabilité en 1913, puis définitivement interdit de messe en avril 1915 à la suite d'une nouvelle démarche de son évêque.

Demeurant toujours à Rennes-le-Château, Saunière, pourtant suspendu, continue à officier dans sa villa, grâce à une petite chapelle aménagée dans la véranda où la majorité des villageois pratiquants viennent le rejoindre, boudant les messes du nouveau curé. Durant la Première Guerre mondiale, Saunière, qui n'a, par ailleurs, pas pu récupérer son église, se voit soupçonné d'espionnage par d'autres villageois, hostiles au curé. Quoi qu'il en soit, les rumeurs vont bon train sur le trésor de Saunière, beaucoup étant tout à fait rationnelles et impliquant une attitude frauduleuse : pillage de tombes, dons pour participer à un complot royaliste, trafic de messe sur une grande échelle, ce qui aurait entraîné des mises en scène et l'absence d'infirmation par l'abbé Saunière sur la découverte d'un supposé trésor, de façon à brouiller les pistes et masquer l'origine douteuse de ses ressources. La plupart des hypothèses farfelues ont été émises après la mort de l'abbé (voir chapitre suivant).

Décès d'Alfred SaunièreModifier

Jean Marie Alfred, dit Alfred Saunière, frère cadet de 3 ans de Bérenger et qui s'engagea comme lui dans la prêtrise, fut vicaire dans une paroisse nettement plus importante que celle de Rennes-le-Château, la petite ville d'Alzonne, bourgade très proche du siège du diocèse située à Carcassonne. Entre 1879 et 1892, il enseigna chez les jésuites.

Article connexe : Compagnie de Jésus.

Cet homme, qui mourut prématurément à l'âge de 50 ans, resta toujours très proche de Bérenger (permettant à certains chercheurs d'évoquer une certaine connivence voire une curieuse complicité entre eux), mais sa vie fut nettement plus mouvementée. En 1897, il fréquenta de façon plus assidue la haute société locale, par exemple la Marquise du Bourg de Bozas, puis la famille du Marquis de Chefdebien, grand dignitaire de la Franc-Maçonnerie locale dont il devint le précepteur. Alfred dut cesser toute fonction et fut frappé, comme son frère aîné de "suspens a divinis". Il se retira en 1903 dans leur village familial de Montazels, où il vécut avec une femme plus jeune que lui et dénommée Marie Émilie Salière avec qui il aura un enfant qui naîtra après la mort de son père.

Alfred Saunière connut une déchéance plus importante que celle de son frère et finira par décéder le 9 septembre 1905, suite à ce qui semble une longue maladie.

Décès des abbés Rescanières et BoudetModifier

Avant la disparition des deux abbés de la paroisse voisine de Rennes-les-bains survenue en 1915, l'abbé Saunière avait déjà connu la disparition de l'abbé Jean Antoine Gélis, curé de Coustaussa, sauvagement tué le 1er novembre 1897. Cette mort a fait naître la supposition qu'il ait été co-détenteur du secret de Saunière - car les deux hommes se connaissaient bien -, et que l'assassin ait cherché à récupérer des documents importants. Mais durant l'enquête, aucun élément ne permit d'impliquer directement ou indirectement l'abbé de Rennes-le-Château dans ce crime .

Le 1er février 1915, mourut un coreligionnaire voisin, l'abbé Joseph Rescanières, curé de Rennes-les-Bains et successeur de l'abbé Henri Boudet dont certaines rumeurs et hypothèses prétendent qu'il aurait hérité des secrets de l'abbé Saunière. L'abbé Boudet a longtemps été considéré comme très proche de l'abbé Saunière, mais sans véritable certitude. Cet abbé est l'auteur d'un ouvrage ésotérique très controversé : La Vraie langue celtique et le Cromlech de Rennes-les-bains,dont le contenu est scientifiquement intenable, car ce texte donne un rôle très ancien à la langue anglaise, pourtant reconnue par la linguistique comme s'étant formée durant l'époque médiévale. L'abbé Boudet décédera de mort naturelle 60 jours après son successeur l'abbé Joseph Rescanières. Ses archives passèrent dans la famille Saurel, la belle-famille de son frère Edmond.

Décès de l'abbé Saunière et de sa servanteModifier
Tombe de l'Abbé Saunière à Rennes-le-Château

Les sept dernières années de Bérenger Saunière semblent être, à l'évidence, plus difficile au niveau matériel. D'une part celui-ci n'est plus le curé officiel de la paroisse et si l'accusation de trafic de messe est fondée, celui-ci ne peut plus s'adonner à ce genre d'escroquerie, puisque, d'une part, il n'est plus le curé en titre pour officier, et que d'autre part, il ne peut plus recevoir le courrier destiné à la paroisse et donc de l'argent d'éventuels donateurs. De plus, en 1914, la Première Guerre Mondiale survient et ses soutiens ou donateurs éventuels ont d'autres préoccupations.

Pourtant, l'abbé Saunière semble avoir des projets, lorsque, victime d'une attaque cardiaque, survenue alors qu'il se promène sur sa terrasse, il meurt soudainement le 22 janvier 1917. Marie Dénarnaud hérite de sa supposée fortune, de ses terres et surtout de ses dettes dans des conditions très particulières puisque selon l'ancien maire de Rennes-le-Château, Jean-François Lhuillier, la famille de l'abbé renonça à toute prétention sur cet héritage. Illettrée, puis rapidement isolée, Marie vécut recluse jusqu'en 1942, année où elle fit la connaissance de l'homme d'affaires perpignanais Noël Corbu, en échange de ce qui s'apparenterait à une rente viagère annuelle. l'année 1946, semble être l'année ou elle effectue son testament en faveur de Monsieur et Madame Corbu, les instituant comme légataires universels du domaine où ils s'installent et où ils subviennent à ses besoins, l'ancienne servante n'ayant quasiment aucun revenu. « Mademoiselle Marie » est frappée, le 24 janvier 1953, d'une attaque cérébrale, la laissant muette et paralysée. Elle meurt cinq jours plus tard, le 29 janvier 1953, à 85 ans.

La tombe de Saunière dans le cimetière de Rennes-le-Château étant régulièrement vandalisée, sa dépouille est déplacée le 14 septembre 2004 dans le mausolée cultuel du domaine voisin, ancienne propriété de l'abbé.

Postérité de l'abbé Saunière : légendes et mystificationsModifier

Noël Corbu transforme alors la villa Béthania en hôtel-restaurant, L'hôtel de la Tour, et pour attirer un maximum de touristes, embellit la légende de l'enrichissement de Saunière, grâce à l'entremise du journaliste André Salomon. Ce dernier publie trois articles dans son quotidien La Dépêche du Midi le 12, 13 et 14 janvier 1956. Titré « La fabuleuse découverte du curé aux milliards. M. Noël Corbu connaît-il la cachette du trésor de l'abbé Saunière qui s'élève à 50 milliards ? », le troisième article contient une interview de Corbu qui raconte que l'abbé est tombé par hasard sur un trésor enfoui en 1249 sous son église par Blanche de Castille pour mettre la cassette royale à l'abri de l'avidité de vassaux opprimés ou de la révolte des Pastoureaux alors que le roi est parti en croisade.

Cette légende d'abord locale attire le dessinateur Pierre Plantard qui effectue des fouilles à Rennes-le-Château dans les années 1960, et finit par rencontrer Noël Corbu. Plantard publie dans des conditions assez rocambolesques en 1965 le 2edocument des Dossiers secrets d'Henri Lobineau (« Les descendants mérovingiens ou l’énigme du Razès Wisigoth ») qui suggère que la monarchie française descend de rois mérovingiens liés aux mystères du pays de Razès qu'il situe dans la région de Rennes-les-Bains et de Rennes-le-Château. Plantard, lui-même associé à Philippe de Chérisey, contacte Gérard de Sède, leur rencontre aboutissant à la rédaction en 1967 de L'or de Rennes, ouvrage qui crée notamment la légende des parchemins (fabriqués par Philippe de Chérisey) et popularise les mythes du trésor de Rennes-le-Château. Ce livre au succès national sera un jalon important dans la littérature pléthorique autour de "RLC" (dans le jargon ésotérique) et servira de base à d'autres ouvrages publiés en France mais aussi dans des pays étrangers, notamment anglo-saxons.

En 1982, après avoir réalisé plusieurs films sur le mystère de Rennes-le-Château, trois journalistes britanniques, Henry LincolnMichael Baigent et Richard Leigh, publient un essai encore plus controversé, dénommé L'Énigme sacrée, qui relie, pêle-mêle (et toujours sans sources historiques vérifiées), la prétendue ancienneté médiévale du Prieuré de Sion, l'histoire des Templiers, celles des Cathares, de la dynastie des mérovingiens, du Saint-Graal et des origines du christianisme, affirmant que Marie-Madeleine serait venue en France avec un enfant de Jésus, voire avec Jésus lui-même. Ce livre donne, cette fois-ci, un retentissement international à l'affaire de Rennes-le-Château.

Depuis le lancement d'une petite affaire médiatique de 1956, parue dans un quotidien régional et lancée par un restaurateur en mal de clientèle dans un village retiré, au sujet d'un « mystérieux secret » et d'un « trésor fabuleux » caché par un curé dont il ne connaissait rien, plusieurs centaines de livres, essais, romans et divers articles de fond, de valeur très inégale mais le plus souvent farfelus, ont été publiés à propos de l'abbé Bérenger Saunière, sans compter les nombreux sites internet dédiés à cette affaire, sans oublier de multiples reportages, des téléfilms et des films de fiction très imaginatifs qui se baseront tous sur l'histoire désormais devenue mythique d'un simple curé de campagne peut-être équivoque et un peu dépassé par ses idées de grandeur, mais qui, dans la région même des Pyrénées occitanes ne fut pas un cas unique, puisque l'histoire du Père de Coma, curé dans la paroisse du Baulou, située à moins de 50 kilomètres de Rennes-le-Château, semble présenter beaucoup de similitudes avec celle de l'abbé Saunière, sans pourtant susciter autant de curiosités.

Les diverses pistes concernant la fortune de l'abbé SaunièreModifier

Durant toute la période des travaux de rénovation et d'aménagement effectués par l'abbé Saunière, certaines rumeurs, dont la plupart prirent de l'ampleur bien après sa disparition, avancent l'hypothèse qu'il aurait découvert un trésor.

Les pistes aux « trésors »Modifier
C'est Noël Corbu qui transforma le domaine de l'abbé Saunière en auberge dans les années 1960, qui raconta à la presse locale que l'abbé était tombé par hasard sur un trésor enfoui en 1249 sous l'église par Blanche de Castille, sans en apporter la moindre preuve historique

Les hypothèses les plus fréquemment évoquées, pour tenter de justifier cette découverte mythique, sont, par ordre historique[57] :

(Cette hypothèse est très fragile : les sources sont très anciennes et n'attestent pas que ledit trésor ait pu subsister, ni même qu'il ait été enfoui à Rennes-le-Château).
Articles connexes : Volques Tectosages et Or de Toulouse.
(Cette hypothèse, la plus populaire, est certainement la plus fabuleuse, car elle mêle légende, religion et Histoire. Certains spécialistes ont tenté le lien avec d'autres trésors d'origine wisgothique, découverts plus récemment en Espagne. Cette idée de trésor a d'ailleurs été utilisée pour l'intrigue du scénario du téléfilm : L'Or du diable).
(Cette hypothèse est très aventureuse, car rien n'indique que la reine ait pu connaître jusqu'à l'existence du village).
Article connexe : Blanche de Castille.
(Cette hypothèse a été défendue, notamment, par l'écrivain Gérard de Sède, féru de pseudohistoire. L'ordre possédait, en effet, des « templeries » dans la région).
  • Le trésor des faux monnayeurs du château du Bézu, affaire datant du xive siècle
(Cette hypothèse historique est subtile, mais qui reste très difficile de démontrer par manque de sources historiques)[58].
  • Le trésor des Cathares. Un récit historique attesterait que lors la prise du château de Montségur par les croisés en 1244, quatre Cathares s'en seraient échappés avec un trésor
(Cette hypothèse reste douteuse car les Cathares, hommes pieux, détachés des valeurs du monde terrestre, n'avaient pas la mentalité à posséder des biens matériels, le trésor était certainement d'ordre spirituel, en admettant que ce récit soit exact).
Article connexe : Trésor des cathares.
(Cette hypothèse est souvent reprise par des articles de presse actuels[59] qui s'appuient sur les recherches de l'historien régional René Descailledas, car en 1789, cet ancien curé de Rennes-le-Château, craignant que les révolutionnaires s'emparent des biens de sa paroisse, aurait pu cacher dans son église quelques pièces en or. En revanche, compte-tenu du niveau de vie de la paroisse, l'éventuel « trésor » ne pouvait que se limiter à un petit magot).
La piste du trafic de messesModifier
Mgr Beuvain de Beauséjour, évêque de Carcassonne, successeur de MgrBillard, a accusé ouvertement l'abbé Saunière de trafic de messe.

En fait, il n'y a, à ce jour (2016), aucune preuve matérielle de la découverte d'un réel trésor. Les seuls faits historiques avérés qui seraient liés à l'enrichissement personnel de l'abbé se réfèrent à un trafic de messes. Le pillage éventuel de quelques tombes du cimetière communal, déjà évoqué dans un précédent chapitre, n'est pas suffisant pour expliquer un tel enrichissement sur une aussi longue période et une dernière piste, toute aussi fragile, pourrait laisser supposer que l'abbé ait pu exploiter la découverte de mystérieux parchemins qu'il aurait pu monnayer, mais celle-ci n'aboutit nulle part, puisque ces parchemins dont le contenu reste incertain n'ont jamais été retrouvés.

La piste principale reposerait donc sur une banale escroquerie : un substantiel trafic de messes (messe pour la guérison de maladie, messe aux défunts), consistant à détourner à des fins personnelles l'argent expédié par les congrégations et fidèles avec qui l'abbé est en contact à travers toute l'Europe. Ce trafic est basé sur une organisation maîtrisée. Il est d'ailleurs historiquement reconnu que l'abbé fut accusé par l'Église de trafic de messes et de simonie par Mgr Paul-Félix Beuvain de Beauséjour (1839-1930), nouvel évêque de Carcassonne qui lui intentera en 1910, un procès canonique. Procès qui entraînera la déchéance des fonctions sacerdotales de Bérenger Saunière en 1911. Suite à une demande de l'autorité diocésaine de Carcassonne, le quotidien parisien anticlérical, Le xixe siècle publie dans sa une, l'annonce suivante : « l'abbé Saunière, ancien curé de Rennes-le-Château, n'est nullement autorisé à demander hors du diocèse, ou à recevoir de diocèses étrangers, des honoraires de messes ». Le journal croit bon de rajouter en bas de cette annonce, le commentaire suivant : « Sauvons la caisse ! L'abbé Saunière gâte le métier en vendant des messes au rabais, et le voila pour concurrence déloyale, boycotté par le syndicat des marchands de prières (sic) de son département. Comme les temps évangéliques sont loin ».

Jean-Jacques Bedu estime ce trafic à 100 000 intentions de messes, rémunérées de 1 à 5 francs chacune entre 1893 et 1915

Des éventuelles aides financières extérieures (sous forme de donations et legs) ont également été évoquées, le curé voisin de Rennes-les-Bains, l'énigmatique abbé Henri Boudet, ayant pu être alors considéré comme une sorte d'intermédiaire, hypothèse reprise dans le téléfilm L'Or du diable. Cependant, aucun document de nature comptable ou bancaire ne vient étayer ce fait, et ni l'abbé Saunière, ni sa servante n'ont jamais fait état d'une aide de ce type. Les deux hommes, bien qu'ayant le même statut d'ecclésiastiques géographiquement proches, ne semblait, en fait, guère se fréquenter, et selon certaines sources l'abbé Saunière n'assistera même pas aux obsèques de son ancien confrère.

La piste politiqueModifier

Selon le livre « Les Grands mystères de l'Histoire de France » écrit par l'historien Renaud Thomazo et édité par Larousse (Collection Les documents de L'Histoire),l'abbé Bérenger Saunière, ainsi que son frère Alfred, étaient très proches des cercles royalistes légitimistes, dont le cercle de Narbonne. Soit, les frères Saunière collectaient des fonds pour ces organisation auprès de leurs ouailles, soit ils servaient d'intermédiaires propagandistes auprès des populataions locales à des fins purement politiques, afin de lutter contre la montée en puissance du Mouvement républicain à la fin du xixe siècle dans le cadre cette nouvelle République qui succéda au Second Empire. Selon ces milieux catholiques, les politiciens liés à cette nouvelle organisation de la France étaient considérés comme des hommes sans Dieu. Bérenger Saunière a ainsi pu bénéficier d'aides pécuniaires en liaison avec cette activité, du moins au début de son ministère à Rennes-le-Château.

Cette action politique est d'ailleurs attestée par la suspension de Bérenger saunière par René Gobletministre des Cultes en 1885, durant six mois car le maire de Rennes-le-Château s'était plaint auprès du Préfet des agissements de l'abbé en raison de son action propagandiste auprès des paroissiens de la commune.

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